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Cinquant’anni chì anu fattu l’Università

jeudi 20 octobre 2011, par Journal de la Corse

Pour ses 30 ans, l’université revient sur 50 ans d’histoire

Cette année comme de nombreuses autres institutions corses, l’Université fête « Les 30 ans » de cette réouverture. Au programme des festivités, une exposition qui aura lieu le jeudi 20 octobre à la Halle des Sports campus Grimaldi. Cette exposition divisée en 4 pôles : jeunesse, territoires et société, Sciences et savoirs et Histoire. Ces divers pôles feront la part belle à des portraits d’étudiants d’hier ou d’aujourd’hui, aux associations implantées sur le campus et aux réalisations scientifiques de l’Université (colloques, congrès, thèses de doctorat). Parmi ces pôles, l’histoire de la réouverture tient une bonne place dans cette exposition. Cette histoire est d’ailleurs une forte source d’enjeux et est jugée méconnue par ses principaux protagonistes. En effet, peu de travaux de recherche ont été menés sur cette question. Il s’agit en effet d’une histoire qualifiée par les militants des années 1960/70 d’encore « brûlante ». L’exposition se propose, d’ailleurs, de poser quelques jalons dans l’écriture de cette histoire et de susciter le désir chez des jeunes chercheurs de se la réapproprier. Ainsi, ce pôle organisé autour de posters revient sur plusieurs périodes distinctes et marquantes de cette évocation de la réouverture entre chronologie et histoire des syndicats.

Des coupures de presse, des archives personnelles nous permettent de redécouvrir la période militante des années 1960/70 quand l’ouverture de l’Université était un combat politique. En effet, il ne faut pas oublier que ces premières revendications naissent avec la création par les étudiants de Paris de l’Union National des Etudiants Corses (UNEC) en 1962 qui sous la houlette de Dumenicu Alfonsi, avec les Lucien Felli, Charles Santoni et bien d’autres, dressent un premier dossier pour l’ouverture d’une université en Corse. L’esprit festif, bien que politisé des années 1960, laisse la place, après le choc de 1968, à une radicalisation des revendications. Après les FEC et FREC, c’est surtout la création, le 17 novembre 1974 à Nice, de la Cunsulta di i Studienti Corsi (CSC), avec les Petru Poggioli, Bernard Pantalacci, Pantaléon Alessandri, Léo battesti, Petru D’Orazio, Antoine Peretti, Michel Castellani, Antoine Sollacaro, les frères Nicolai et les regrettés Natale Luciani, Vincent Stagnara et José Morellini, qui marque un nouveau pas dans cette revendication. Celle-ci, en réponse au contexte de l’époque, se fait alors plus violente. Ces deux générations jouèrent un rôle complémentaire et décisif dans le choix de Corti et le développement de l’université. On pourrait évoquer des noms pas toujours connus des jeunes, ceux qui ont apporté leur contribution tout au long de ces années ! Les animateurs des Università d’Estate comme Ghjuvan Ghjacumu Albertini, Farrandu Ettori ; des militants comme Ghjuvan Tumasgiu Guelfucci, Dumenicu Gambini ; des personnalités de la société civile comme les regrettés Sanvitus Predali, syndicaliste CFDT, Victoire Canale-Demailly qui avait repris la parution de U Ribombu en Corse, Antoine Murati, infatigable défenseur des revendications corses, le poète Felice Filippi ; des groupes de chant, des troupes théâtrales, des créateurs comme Rinatu Coti, des hommes politiques –très rares – revendiquant, dès les années soixante-dix, soit la création d’une université ou la réouverture de l’Università di Corti, un des premiers comme Michel Pierucci, maire de Corti, Edmond Simeoni, José Rossi, Nicolas Alfonsi ... Ainsi, l’exposition ne laisse pas de côté le rôle des syndicats, primordial, dans l’histoire de l’Université. Si la CSC fut longtemps l’unique syndicat universitaire, et le premier syndicat « d’étudiants sans université », il fut rejoint en 1991 par la Ghjuventù Paolina, puis par la suite par la Ghjuventù Indipendentista. Des posters retracent ces trente ans de mobilisation étudiante en tentant de ne pas laisser de côté l’aspect tourmenté de cette histoire. Car l’histoire de l’Université est aussi liée au contexte difficile que connût la Corse dans les années 1980 et 1990, notamment, avec les guerres fratricides qui frappèrent le milieu nationaliste. Ainsi à la lumière, de cette exposition, on ne peut que constater que l’université est un miroir de la société insulaire. Aujourd’hui, l’Università di Corsica est forte de son identité et rayonne sur d’autres espaces, s’ouvre à « l’Autre ». Autrefois venir étudier dans ses murs était un acte militant, aujourd’hui c’est une évidence.

Lisa D’Orazio

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