L’Europe face à la crise du monde arabe
La crise du monde arabe n’en finit pas de se répandre semant la panique parmi les grands de ce monde. Le président de la république peut toujours se réjouir publiquement de ce mouvement qu’il n’avait pas prévu, les troubles du monde arabe font craindre aux grandes puissances une perte de contrôle sur des lieux stratégiques et des vagues migratoires sans précédent.
Les amis des puissants en difficulté
Il est assez grotesque d’entendre les maîtres de ce monde se féliciter du printemps arabe. C’est oublier un peu vite la place qu’occupaient les dictateurs déchus ou en difficulté. Kadhafi participait aux côtés des services secrets américains à la lutte contre Al Qaida. Moubarak, l’Égyptien était la pierre angulaire d’un éventuel accord entre l’autorité palestinienne et l’état d’Israël. Et l’Égypte fournissait du gaz algérien à l’état hébreu. Ben Ali, enfin, était présenté comme l’un des éléments fondamentaux de la lutte contre le terrorisme islamique au Maghreb. Les États-Unis ne peuvent que s’inquiéter des troubles qui ont éclaté au Yémen ou en Somalie, deux lieux stratégiques dans leur lutte contre Al Qaida. Les grandes démocraties occidentales sont généralement de fidèles soutiens des dictatures locales qui assurent un ordre géostratégique dans les pays souvent détenteurs d’immenses sources d’énergie. La révolution arabe a détruit ce fragile édifice et, sous nos yeux, s’effondre plus ou moins lentement, l’ordre issu de Yalta. Après la Seconde Guerre mondiale, les grandes puissances se sont partagé le monde se satisfaisant du malheur des peuples. Et l’étude des situations démontre que les atrocités furent identiques d’un côté et de l’autre du rideau de fer. Les Américains et les Occidentaux couvrirent des massacres dans leur pré carré en Amérique du Sud ou en Asie tandis que l’Union soviétique et leurs satellites étouffaient toute forme d’expression libre.
Des conséquences imprévisibles
L’année 2011 est bien une année charnière. Sans tomber dans les délires apocalyptiques qui prévoient la destruction du monde en 2012, il devient de plus en plus certain qu’un certain monde va disparaître à partir de cette année-là. Les cartes sont en train d’être redistribuées sans qu’on sache exactement dans quelle direction. Le président Sarkozy et le premier ministre Fillon ont raison d’affirmer que la situation actuelle peut permettre l’instauration d’un début de démocratie mais aussi ouvrir la voie à des régimes plus autocrates que les précédents. Implicitement, les dirigeants français ont ainsi reconnu qu’ils ne s’impliqueraient pas dans le combat mené actuellement par les peuples arabes. Et pourtant, les pays occidentaux auraient intérêt à favoriser la première hypothèse faute de quoi, ils vont devoir faire face à des vagues migratoires sans précédent qui seront difficiles à arrêter. Un tel phénomène risquerait fort de déstabiliser nos sociétés fragilisées par la crise et susceptibles elles aussi de s’abandonner aux démons d’un populisme raciste. Dans un tel contexte, les spéculations boursières sur les matières premières et les produits alimentaires pourraient avoir un effet démultiplicateur particulièrement explosif. De mois en mois, le monde s’enfonce dans une situation incontrôlable en grande partie causée par l’égoïsme d’une minorité d’accapareurs. Or, au lieu d’essayer de trouver des solutions de justice les organismes de régulation tels que le FMI, aggrave le mal et fait grandir le désespoir des plus démunis.
GXC