L’édito d’Aimé Pietri
Le dernier attentat contre la mairie de Calenzana met en lumière la haine distillée par certaines factions envers les élus de tout bord. Ce n’est pas, hélas, la première fois que les plastiqueurs s’en prennent aux mairies, les « case cumune » comme on dit aujourd’hui, aux maires, aux adjoints, aux simples conseillers municipaux ou, lorsqu’ils frappent plus haut, aux conseillers généraux et même aux députés. Les attentats ne sont pas toujours revendiqués et, lorsqu’ils le sont, les mobiles apparaissent flous. Dés lors, on peut se demander si seule la haine, arme le bras des dymaniteros. Ou s’il ne s’agit pas d’ébranler psychologiquement les victimes. On en connaît qui se remettent difficilement des dégâts, pas seulement matériels, causés par la bombe dont ils ont été les destinataires. D’autant, qu’après les manifestations de sympathie, pas toujours spontanées, la rumeur ne tarde pas à faire état des causes possibles, mais jamais prouvées, de l’attentat, certains allant même jusqu’à laisser entendre que les clandestins avaient visé juste. Pourtant une telle stratégie de la peur a peu de chance de réussir. Car s’il y a un fond de haine chez l’agresseur on découvre un fond de rage chez l’agressé. La vendetta qui a fait, qui fait encore, tant de mal à la Corse, résulte sans doute de ces antinomies. Et la démocratie, dont on se gargarise à toutes les tribunes, n’est pas près d’imposer ses principes et ses règles. La maintenir à flot relèverait même de l’exploit dans ce pays livré à tous les antagonismes et à toutes les contradictions. On espère néanmoins quelques lueurs de bon sens. Pour lui éviter l’abîme où elle tend à sombrer.