ETA en mauvaise posture
En octobre dernier, le leader de la gauche indépendantiste Arnaldo Otegi, emprisonné pour reconstitution de ligue dissoute, considérait que le recours à la violence armée est incompatible avec la stratégie indépendantiste. Dans un entretien écrit avec El País, il rejetait la violence comme instrument de pression politique et demandait à ETA un cessez-le-feu “unilatéral, permanent et réalisable”. Il dénonçait le racket des chefs d’entreprises basques et prenait ses distances avec la kale borroka, la guerre des rues. “Les armes, toutes les armes, doivent disparaître définitivement de l’équation politique basque”. Aujourd’hui, ETA, affaiblie par les arrestations et isolée vient de décréter un cessez-le-feu sans contrepartie. La Corse reste donc la seule région européenne démocratique où subsiste encore une violence politique.
ETA totalement isolée
La décision du cessez-le-feu décrété par ETA est le produit d’une usure politique et militaire de l’organisation clandestine basque. Mais c’est aussi la crise qui a accéléré ce processus de décomposition. La péninsule ibérique connaît un taux de chômage record. L’endettement du pays est majeur et les préoccupations des peuples de la péninsule sont prosaïquement tournées vers la survie. 850 membres d’ETA croupissent dans les geôles espagnoles alors que seulement deux cents militants sont encore en liberté. C’est dire le poids de la répression. La répression a produit un turn over des directions qui a obligé de jeunes gens issus de la guerre des rues à prendre des responsabilités qu’ils ne parviennent pas à assumer. Les seconds voire les troisièmes couteaux sont montés en première ligne. La kale boroka, instrument de pression d’ETA sur les élus, a eu pour principal effet une absence de politisation des militants. Les plus jeunes se heurtaient aux forces de police basques puis devaient prendre le chemin de la clandestinité sans avoir connu grand-chose de la société basque elle-même. La reprise en main de la direction politique par Batasuna est donc un échec des militaires. Néanmoins, les indépendantistes basques attendent un geste du gouvernement de Madrid dont la marge de manœuvre est étroite.
Une clandestinité rejetée
ETA est haïe dès lors qu’on quitte les rangs de leurs sympathisants. La rupture des trêves souvent effectuée de manière atroce, suscite une méfiance extrême parmi les électeurs de la péninsule faire mordre la poussière. Pour l’instant, la répression continue. Sur la foi de renseignements très précis, la police française a arrêté deux etarras. Batasuna de son côté a déclaré : « La balle est maintenant dans le camp des États espagnol et français, nous attendons d’eux des actes et un positionnement clair pour qu’enfin le processus de paix s’enclenche. Ce qui a plutôt mal commencé avec les arrestations d’hier…Les actes passent notamment par la fin des opérations policières et de répression, la reconnaissance des droits des prisonniers politiques basques, à considérer comme des acteurs de la résolution du conflit sans oublier la négociation politique quant à l ibérique. Plus personne ne croit en la droiture de l’organisation clandestine. L’idée la plus répandue est qu’ETA, à bout de souffle, demande un peu de temps pour reprendre des forces et le combat. Un geste du gouvernement de Madrid pourrait donc être la remise en liberté des détenus malades et de ceux qui n’ont pas de sang sur les mains. Cela pourrait également être de permettre à Batasuna de présenter des candidats, remettant ainsi la question de l’indépendance basque sur le terrain uniquement politique. D’un autre côté, l’opinion publique pense majoritairement qu’il est temps de donner le coup mortel aux clandestins et de leur autodétermination et à la territorialité des sept provinces… Il est indispensable que Paris bouge, l’État français doit rentrer dans le registre politique par rapport à la reconnaissance politique et internationale du Pays basque nord ». Bref une affaire plutôt mal partie.
GXC