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CHRONIQUE Le racket et le crime tuent la Corse

mercredi 26 janvier 2011, par Journal de la Corse

Plasticages en tous genres, assassinats divers et variés, racket généralisé dans certaines microrégions… La situation en Corse devient franchement insupportable. Contre le crime organisé mais aussi le crime inorganisé, la Corse et les Corses doivent avoir le courage de prendre leurs responsabilités sans toujours compter sur l’État et désigner les autres pour coupables. Le mal est en nous et nous seuls pouvons l’empêcher de progresser à défaut de le faire disparaître.

La voie du cimetière

On ne compte plus désormais les plasticages d’engins de chantiers, ceux qui frappent des établissements commerciaux. Ayons le courage d’appeler un chat un chat : le crime, que ses origines soient la rivalité commerciale ou purement et simplement de racket, reste le crime. C’est à la fois un effet de nos dysfonctionnements passés et la cause d’errances futures. Les guerres commerciales démontrent tout simplement que, chez nous, un certain nombre d’individus n’ont pas tout simplement pas compris comment fonctionnait la concurrence, ce moteur de l’économie et plus généralement du progrès humain. Mus par une primitivité reptilienne, ces individus perçoivent l’autre comme un adversaire, pire comme un ennemi. Nous ne saurions avoir la moindre mansuétude pour des pareils comportements qui participent largement au sous-développement de la Corse. Les plastiqueurs sont aujourd’hui les alliés de tous ceux qui refusent une Corse dynamique et moderne, libre de suivre sa propre route. Ce sont les fourriers de notre avenir et les apprentis sorciers qui montrent à notre jeunesse la route du cimetière.

Les racketteurs sont des parasites

J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur le racket et d’écrire le mépris dans lequel je tiens ceux qui se livrent à ce type d’activité. Ces parcittori sont, à mes yeux, des parasites qu’il convient de mettre hors d’état de nuire sans aucune hésitation. Des victimes exaspérées m’ont parlé de la loi du talion. On ne répond pas au crime par le crime. La réponse doit être celle définies par l’État de droit. Nous n’avons tout simplement pas le droit d’élever nos enfants dans le culte de la violence. La justice, nécessaire aux plus démunies, ne peut fonctionner que si les victimes osent relever la tête. Les racketteurs, comme les violeurs, ne vivent que parce que leurs victimes sont terrorisées et s’isolent en n’osant pas porter plainte. C’est donc retrouver sa fierté d’être humain, son identité intime que d’oser aller devant la justice pour désigner ceux qui, à l’instar des sangsues, viennent réclamer leur part d’un bien qui ne peut leur appartenir que parce qu’ils s’appuient sur la peur et sur la force. Je trouve insupportable cette nouvelle loi qui utilise le témoignage sous X, ces lettres anonymes au format judiciaire, parce qu’il permet toutes les manipulations et oppose au secret des voyous le secret de la justice. Il confisque la justice populaire au profit d’une justice d’exception c’est-à-dire le contraire de ce dont la Corse a besoin. A contrario, je trouve glorieux de porter témoignage à visage découvert contre ses bourreaux. C’est non seulement efficace dans le court terme mais c’est en plus pédagogique. Car s’il est vrai qu’il n’est pas dans la tradition corse de balancer, c’est-à-dire de dénoncer sans s’exposer, j’estime honorable d’affronter au nom du peuple les vampires racketteurs.

Pour une Corse qui avance la tête haute

Je l’ai déjà dit à mes amis nationalistes : l’impôt révolutionnaire a été une erreur majeure du mouvement et continue de l’être. L’argent est à la source de toutes les dérives humaines. Il est anormal que des militants cagoulés s’arrogent le droit de décider qui a le droit de vivre et de travailler sur la terre de Corse. Si des sociétés commerciales ont des comportements condamnables, elles doivent être dénoncées publiquement. Mais je ne vois pas pourquoi celles qui ont les capacités de payer le pizzu seraient d’un coup exonérées au détriment des plus petits. Cela signifierait que le patron voyou qui paie la clandestinité achèterait aussi le droit d’exploiter ses employés de manière éhontée. C’est tout simplement écœurant. De surcroît nous savons tous que l’argent du racket, pardons de l’impôt révolutionnaire, a été de moins utilisé pour la seule « cause ». L’ETA, l’IRA ont perdu des batailles politiques à cause de l’argent extorqué. Aujourd’hui, plus personne ne sait qui fait quoi en Corse. La voyoucratie, privée de ses juges de paix, est livrée aux désordres de bandes qui s’entre-déchirent. Elles sont maintenant composées de jeunes gens qui veulent tout, tout de suite. Et la drogue est un facteur aggravant. La justice ne peut fonctionner que si les citoyens l’appuient. On ne saurait tout à la fois reprocher à l’État son manque de résultats en matière de crimes et délits et refuser d’accomplir son devoir de citoyen, j’allais écrire d’homme, en témoignant. La Corse ne peut espérer s’en tirer que si elle ne règle pas son rapport ambigu à la société en général. L’intérêt commun doit primer en tout sur les intérêts particuliers. Les juridictions d’exception sont une erreur car elles se substituent au devoir de citoyen. Mais la lâcheté, la compromission en sont de plus grandes encore. Femu a Corsica est la seule organisation qui ait de manière militante apporté son soutien aux victimes récentes. Femu a Corsica a mené une lutte démocratique contre les propriétaires d’Anghione. Ce domaine a été plastiqué par les clandestins. Femu a Corsica a raison et a obligé l’État à ouvrir une enquête. Les clandestins ont eu tort et ont failli faire capoter la lutte démocratique. L’avenir de la Corse appartient à la lutte démocratique et certainement pas aux partisans des violences en tous genres.

• Gabriel Xavier Culioli

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