Enfin…
Le rapatriement des prisonniers semble avoir commencé. Bien qu’il faille se méfier des promesses gouvernementales, l’affaire semble maintenant bien engagée grâce aux efforts des deux présidents corses et du député Sauveur Gandolfi-Scheit. Enfin, serait-on tenté de dire, tant de promesses non tenues, tant de malheurs et tant de chagrins pour enfin parvenir à la stricte application de la loi.
La loi rien que la loi
Le garde des sceaux peut toujours prétendre qu’il est normal que la Corse soit soumise au droit commun et bénéficie donc du rapprochement de ses détenus, la règle normale sur le territoire français est, au contraire l’éloignement des détenus. Les détenus en maison d’arrêt sont souvent éloignés de leur lieu de résidence comme si l’état voulait doublement punir des personnes dont les deux tiers sont incarcérés à titre provisoire. Pourtant, parce qu’ils n’ont pas encore été jugés ils sont censés être innocents. Mais, la France, souvent condamnée par la cour européenne des droits de l’homme, n’en a que faire. Quant aux détenus en centrale, ils sont changés de prison tous les six mois en moyenne. Le garde des sceaux aura bien du mal, en de telles conditions, à démontrer comment ces personnes pourraient être placées dans des centrales situées près du lieu d’hébergement de leurs familles. La Corse vient donc d’ouvrir une voie qui va servir à toutes les familles de détenus français. C’est un précédent dont elles vont pouvoir se servir pour réclamer leur juste droit.
Pour un statut politique
Je pense que les associations de défense des prisonniers ont eu tort de faire la différence entre les prisonniers de droit commun et les prisonniers politiques, pour une simple raison que j’ai déjà énoncée dans ces colonnes. Le principal argument qui justifie le rapprochement des prisonniers est celui des difficultés imposées aux familles. Les parents, les enfants des détenus sont pénalisés sur le plan sentimental mais aussi financier. Or, cet argument vaut évidemment pour tous les proches de tous les détenus quelle que soit la cause de leur incarcération. Néanmoins, ceux qui ont vécu les procès de la Cour de Sûreté de l’état se surprennent aujourd’hui à regretter cette juridiction spéciale créée en 1962 par le régime gaulliste pour lutter contre l’OAS. En effet sa disparition, voulue par la gauche et les nationalises corses, a eu une conséquence désastreuse : la disparition du statut politique. Désormais, un militant emprisonné pour des actes en relation avec son combat, n’est plus différencié du droit commun. Les détenus n’ont plus droit au regroupement. Ils mènent la plupart du temps leur lutte de manière isolée. En témoigne, le sort scandaleux réservé à Charles Santoni qui, pour avoir refusé la prise de son ADN, risque de se voir privé de toutes ses remises de peine. C’est tout simplement scandaleux et c’est terrible. La bêtise administrative confine ici à la cruauté. Si Charles Santoni s’était retrouvé avec d’autres militants son sort eut été tout autre.
Une Corse unie
Les deux présidents de la Corse ont eu une attitude en tous points remarquables. Ils se sont battus sur des principes eux qui ont toujours combattu la violence nationaliste. Dominique Bucchini n’a jamais cédé un pouce aux principes qui étaient les siens. Paul Giacobbi a souvent été insulté et parfois menacés par des nationalistes. Ils ont tout de même été jusqu’au bout de leur rôle comme ils l’avaient été lors de la campagne pour la libération d’Alain Orsoni. C’est ainsi que je conçois la politique. Et les nationalistes les plus radicaux devraient en prendre de la graine eux qui ont souvent des paroles blessantes pour leurs adversaires politiques. Pourtant le combat pour les prisonniers est loin d’être achevé. Il est encourageant que le ministre ait annoncé le retour de trois des membres du commando Erignac. En la partie la plus difficile est à venir. Elle concerne évidemment Alain Ferrandi et Yvan Colonna bien que le sort de ce dernier soit suspendu au procès du mois de mai. Mais on ne saurait oublier les « petits » condamnés qui croupissent encore dans les prisons continentales. Personne ne doit être oublié.
Gabriel Xavier Culioli