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2012 : le passif d’un Président

jeudi 5 janvier 2012, par Journal de la Corse

Il apparaît que le bilan présidentiel relève du passif, même si on ne peut reprocher à Nicolas Sarkozy de ne pas résoudre la crise en un jour.

En présentant ses vœux de bonne année 2012, le Président de la République a mis en exergue la crise européenne et planétaire, ainsi que sa volonté d’ouvrir la page de la relance économique. Cela se comprend si l’on considère qu’un président probablement candidat à sa réélection, doit porter une vision nouvelle. Cela se comprend plus encore si l’on compare le bilan du président Sarkozy avec les promesses qu’avait faites le candidat Sarkozy. En effet, il apparaît que le bilan présidentiel relève du passif. Que peut-on reprocher à ce dernier ? Non pas d’avoir ignoré la crise ou de ne pouvoir la résoudre en un jour, mais simplement d’avoir, par une politique favorable aux privilèges, au profit et à la rente, miné gravement l’économie et les finances, fragilisé le pacte républicain, fissuré la cohésion sociale. Souvenons-nous que l’intéressé s’était pourtant présenté, lors du fameux discours de Toulon prononcé en février 2007, comme étant le champion d’un pays ayant la volonté de se ressaisir et de rayonner. En ce sens, énumérant les problèmes, les inquiétudes et les frustrations du plus grand nombre, il avait martelé et répété : « Ça ne peut plus durer ». Or, on le verra plus avant, plus qu’ayant duré, tout a empiré.

Encore moins pour les plus faibles

Les travailleurs pauvres, les enfants condamnés à vivre moins bien que leurs parents et la difficulté de se loger décemment n’ont pas disparu. Au contraire : le pouvoir d’achat des salariés a globalement régressé ; au lieu d’être réduite d’un tiers, la pauvreté a progressé (plus de 3,2 millions de personnes relèvent d’un minima social) ; plus de 8 millions d’individus sont mal logés et le nombre de SDF ne cesse de progresser. Le chômage et la précarité de l’emploi ont atteint des sommets inédits. Au lieu de laisser une France du plein emploi (taux de chômage inférieur à 5 %) et de l’emploi stable, le mandat présidentiel prendra fin avec un million de chômeurs supplémentaires (un actif sur six est inscrit au Pôle Emploi) et une multiplication des CDD. Il est à noter qu’une mesure (exonération de charges des heures supplémentaires) qui devait permettre de « Travailler plus pour gagner plus », a surtout contribué à accroître le chômage et à réduire les recettes de régimes sociaux déjà déficitaires. L’école qui « n’apprenait pas à lire, écrire et compter correctement » a été encore plus mise à mal par des considérations de diminution des coûts. Les critères d’aménagements pédagogiques, d’amélioration des rythmes scolaires ou de redéploiement des moyens humains en fonction des besoins éducatifs et sociaux, ont été constamment minorés. Pour sa part, la sécurité publique a du encore céder du terrain. Derrière des statistiques se voulant optimistes, se cachent désormais une augmentation des récidives, des escroqueries, des cambriolages, des trafics de stupéfiants. Quant aux réponses à ces problèmes, elles ont été affectées par des politiques ayant sacrifié aux annonces sécuritaires et au démantèlement des Justice et Police de proximité. Enfin, les discriminations, l’inégalité des chances et la panne de l’ascenseur social ont été accentuées, cette évolution ayant résulté de choix sociaux ayant creusé les inégalités en matière d’accès aux soins, à l’éducation, à la culture et au service public, fait peser davantage de dépenses sur les plus pauvres et fermé des services publics dans de nombreux territoires.

Tout et encore plus pour les privilégiés

Le dumping social, écologique et fiscal n’a pas été enrayé. Au contraire, en alignant les politiques de la France sur le libre échange, le Président de la République a contribué à amplifier la désindustrialisation et les délocalisations au détriment de l’activité et de l’emploi. Même la crise de 2008 n’a pas déterminé un changement de politique. Le cap économique est resté fixé par un mondialisme et une recherche du profit maximal chers aux multinationales, aux banques et aux grands actionnaires. Le travail découragé et le travailleur démoralisé n’ont pas été réconfortés. Jamais il n’a été question d’alléger le poids des charges sociales des PME/ PMI et des artisans en finançant une partie de leur coût par une taxation des revenus du capital, de la rente et de la consommation de produits importés. Quant aux salariés, ils ont du se résigner à un rognage du pouvoir d’achat global par l’inflation et les prélèvements, à une absence de revalorisation salariale et à des âges légaux de départ à la retraite passant de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans. Enfin les valeurs de la République n’ont été ni défendues, ni valorisées, et l’Etat n’a pas fait l’objet d’une modernisation propre à le rendre plus efficace et moins endetté. La France de Nicolas Sarkozy a été celle des privilèges (bouclier fiscal) et de la sacralisation du profit, au détriment de la redistribution, de l’égalité et de la solidarité. La fraternité a été sapée par la stigmatisation de certains immigrés ainsi que par celle de bénéficiaires de minimas sociaux accusés de gagner plus que les travailleurs. En revanche, il n’a jamais été exigé que les spéculateurs, les bénéficiaires de « parachutes dorés » et les détenteurs de « stock options » rendent gorge. Quant à la l’unité nationale et à la laïcité, elles ont du céder du terrain face au communautarisme et au port du voile. Enfin, les solidarités, les politiques de l’emploi et les services publics gérés par les collectivités territoriales, ils sont menacés par la LOLF (loi organique relative aux lois de finances) et la RGPP (revue générale des politiques publiques). En effet, les logiques d’application de ces textes n’ont pour objectif qu’une réduction des coûts. Ce qui conduit à une désagrégation des services de l’Etat et à une diminution des dotations aux collectivités locales.

Pierre Corsi

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