Arrivé sur la pointe des pieds en juin 2009, Yohan Poulard a rongé son frein une saison en réserve avant de s’imposer. Depuis trois ans, son charisme, ses qualités humaines et sportives en font un joueur qui laissera incontestablement son empreinte au club.
Dans un football professionnel où le mercenariat règne en maître, il est des joueurs exemplaires pour lesquels l’amour du maillot représente encore quelque chose. Yohan Poulard est de ceux-là. S’il totalise, à 36 ans, la bagatelle de… 492 matchs pros –ce qui lui devrait faire franchir la barre des 500 matchs pour la venue de Lyon, le 2 février 2013- il reste un exemple de longévité dans un club. Pour preuve, il n’en a connu que 5 depuis 1994, date de ses débuts sous les couleurs d’Angers, où il a été formé. Passé, ensuite, par Le Mans, Brest et Nantes, il a débarqué l’ACA lors de la saison 2009-2010, avec des débuts auxquels il ne s’attendait sans doute pas. Un mauvais souvenir qui ne l’émeut pas pour autant. « Je sortais d’une saison difficile avec Nantes, qui n’avait pu se maintenir en L1. À l’ACA, je n’entrais pas dans les plans du coach, mais j’ai continué à bosser pour gagner ma place. »
Un joueur exemplaire
Le néo-ajaccien, qui ne dispute que sept rencontres la première année, débute la saison suivante face à Nîmes en Ligue 2. D’entrée, le public de Timizolu sera séduit pas ses qualités. Depuis, il n’a plus quitté son poste. Trente-huit matchs la première saison, 34 l’an dernier (une blessure l’ayant écarté un mois) et quinze, soit, carton plein, depuis août dernier. Le défenseur s’est même imposé comme l’un des rouages essentiels du club. « L’accession en Ligue 1, c’est un fabuleux souvenir, souligne-t-il, j’étais en fin de contrat et je ne me voyais pas stopper cette belle aventure, j’ai donc rempilé une première fois. La saison fut dure et éprouvante mais, à l’arrivée, un dénouement extraordinaire. » Un dénouement qui fera rempiler encore une fois le défenseur central de l’ACA. À 36 ans, il fait figure d’ancien mais reste un exemple. Yohan arrive le premier au stade. Lors des tests, il est parmi les premiers, et quitte l’entraînement le dernier. « C’est un modèle pour tous, assure Titi Debès, son pote aujourd’hui responsable des gardiens de l’ACA, il apporte énormément au groupe et a permis de le solidifier dans les moments difficiles. Dans le vestiaire, son influence est énorme. »
« 20 points à la trêve »
On le disait un tantinet « vieillissant » à l’orée de l’actuelle saison. Sur le terrain, Yohan Poulard a rapidement mis tout le monde d’accord. De Nice, d’entrée de compétition, à Saint-Etienne, vendredi dernier à Timizolu, il a rassuré par ses jaillissements, interventions, relance proprement et n’hésite pas à venir créer le surnombre au milieu du terrain. « On a un groupe intéressant, le début de championnat a été correct dans son ensemble, analyse-t-il, c’est vrai que l’on marque un peu le pas depuis quelques temps et on n’a guère le temps de se reposer sur nos lauriers. Mais la saison est encore longue et nous avons des atouts à faire valoir. Et puis n’oublions pas que l’on nous a ôtés deux points. » Une saison qui semble, néanmoins, se présenter sous de meilleurs auspices. « On a une série de trois matchs, dont deux à l’extérieur. Il est impératif de franchir la barre des 20 points à la trêve. On est toujours meilleurs lors du cycle retour. » Le défenseur ajaccien bouclera son contrat en juin prochain. On en oublierait presque qu’il va souffler ses 37 bougies un mois plus tard. « Je ne me pose pas de questions, je continue tant que le physique suit. » Et s’il rempilait une troisième fois ?
Philippe Peraut