Les États-Unis veulent "punir" la dictature syrienne pour avoir utilisé des gaz mortels contre la population civile. Le crime syrien est atroce. Mais la notion de punition est parfaitement indécente venant de l’Occident d’autant que les dictatures moyen-orientales ont été hier créées de toutes pièces par ce même Occident. Les frappes américaines seraient d’abord une claque mortelle administrée à l’ONU qui démontre qu’elle ne sert à rien dans un contexte de guerre froide. Et voilà que la France est le seul pays à se porter volontaire pour "punir" la Syrie aux côtés des États-Unis. Tout comme le prix Nobel de la Paix Obama est l’un des présidents américains les plus bellicistes de l’histoire de ce jeune pays, François Hollande est en train de révéler une personnalité guerrière qui risque fort de ne pas lui faire honneur.
Une riposte tardive
À la décharge de la France, François Hollande a soutenu dès le début de la guerre civile une opposition laïque aujourd’hui minoritaire face aux islamistes radicaux sunnites. Quant aux États-Unis, ils démontrent une fois encore que la complexité planétaire n’est pas leur fait. Comme ils ont créé les trafiquants de cocaïne avant de les écraser, comme ils ont eu comme agent Ben Laden avant de le déclarer ennemi public numéro 1, ils ont en Syrie lanterner alors qu’ils avaient les moyens de renforcer l’opposition laïque. Vraisemblablement empêtrés dans leurs alliances avec les monarchies arabes, ils ont préféré envoyer sur le terrain des agents spéciaux pour entraîner quelques centaines de combattants bien vite débordés par les islamistes surarmés grâce aux pétrodollars et aux arsenaux de Libye pillés après la chute de Khadafi. L’histoire nous apprend que tous ces pays furent créés artificiellement après la première guerre mondiale et l’effondrement de l’empire ottoman. Français et britanniques se partagèrent ce vaste territoire riche en pétrole. Après la seconde guerre mondiale, le mouvement anticolonialiste mena aux pouvoirs des dictatures laïques et inspirées par le socialisme après l’avoir été par le nazisme. C’est ainsi que le parti Baas l’emporta en Irak et en Syrie. Dans les deux cas, une minorité religieuse mit aux pas les autres minorités religieuses : les sunnites en Irak au détriment des Kurdes et des Chiites, les Alaouites en Syrie au détriment des Chrétiens et des Sunnites. Seule la haine d’Israël a semblé fédérer les frères ennemis de l’Islam. Les atermoiements occidentaux, qui se sont longtemps accommodés de la présence des dictateurs, ont permis que s’installe une situation aujourd’hui incontrôlable.
L’impudence américaine
La liberté et la démocratie ne s’exportent pas n’en déplaisent aux hagiographes de la révolution française. Ce sont les peuples qui décident du moment où une telle libération doit avoir lieu. Depuis deux siècles les États-Unis s’arrogent le droit de juger ce qui est bon et ce qui est mauvais toujours en fonction de leurs intérêts économiques. On oublie qu’ils ne sont entrés en guerre en 1941 qu’après l’agression japonaise de Pearl Harbour et que les pétroliers texans fournirent du carburant aux Nazis tout au long de la guerre. La presse américaine a révélé comment la CIA a aidé les Irakiens de Saddam Hussein à "bien" utiliser le gaz sarin contre l’Iran, ce même gaz qui fut utilisé contre les populations civiles kurdes. Ce gaz avait été vendu à l’Irak par des sociétés occidentales et notamment allemandes. C’est pourquoi l’indignation occidentale transpire l’hypocrisie de toutes parts. Nul ne peut dire aujourd’hui ce qui va advenir au Moyen-Orient. Les dictatures locales jouaient le rôle de gendarmes d’un ordre voulu et créée par l’Occident colonialiste. Personne ne pleurera sur le sort des tyrans assassins. Mais après ? Le Liban risque fort de basculer dans une nouvelle guerre civile provoquée par les Chiites du Hetzbollah aidés par les Alaouites qui forment dix pour cent de la population syrienne soutenus par la Russie et la Chine. Car la véritable guerre qui se livre derrière ce terrifiant décor, c’est la maîtrise dans les prochaines décennies des sources d’énergie. Les États-Unis et la Chine alliée à la Russie se disputent les champs pétrolifères et les nappes de gaz du monde. La Grande-Bretagne a refusé de jouer les supplétifs américains tout comme l’Allemagne. François Hollande, décidément toujours à contre-courant, préfère s’aligner sur les positions américaines et dépendre d’un vote du congrès américain lui qui refuse un vote dans son propre parlement. La France, en voulant perpétuer la Françafrique, est devenue un pion sur un échiquier qu’elle ne domine pas et se livre aux seules décisions américaines quitte à s’exposer au grotesque si d’aventure le Congrès américain refuse l’intervention.
GXC