Quartier de la Défense à Paris. Son portique colossal solidement planté au bord occidental. Auprès de lui, des tours de Babel en grand nombre dressées à l’assaut du ciel. Parmi elles s’élancent les trente étages en verre et béton du siège de la banque franco-belge Dexia à l’emblème rutilant. Un siège manifestant clairement la mégalomanie de cet organisme financier. Ne distribue-t-il pas ses prêts aux collectivités locales ? Des clientes aux règlements assurés pour les échéances. Patatras, voici Dexia en faillite. Ces collectivités avaient souscrit des « prêts toxiques ». Vendus sous l’étiquette de prêts « Tofix » comme par dérision envers les emprunteurs. Car précisément, les intérêts de l’emprunt étaient loin d’être à un taux fixe. Les prêts étaient à taux variable en fonction de conditions compliquées sur les parités ou les différentiels entre euro/franc suisse, euro-dollar, euro/yen et même avec intervention d’indices de la livre sterling ou de la bourse de Varsovie. Ceci se passait de 1995 à 2009. Au total la banque franco-suisse avait vendu pour 15 à 25 d’euro de ces prêts structurés dits toxiques. Et les nigauds d’élus et dirigeants des collectivités locales s’étaient laissés berner en criant « Et moi ! Et moi ! Et moi ! » Aujourd’hui plus de 5 000 collectivités sont en difficulté. Certaines ont renégocié en prêts à hauts risques au prix de considérables pénalités de remboursement. Les taux d’intérêt, faibles au début se sont envolés jusqu’à 30% ces derniers mois. Malheureusement, le département de la Haute-Corse et la collectivité territoriale figurent en fonction de la population, dans le peloton de tête des victimes. Ainsi, le montant des surcoûts attendus de ces intérêts s’élève à 23,3 M€, soit 41% de la somme empruntée. La commune de Linguizetta à elle seule aurait emprunté 3 M€ (2800 € par habitant). Le département de la Corse-du-Sud ne figure pas au nombre des clients de Dexia semble-t-il. Aujourd’hui cette banque se trouve divisée en deux parties, la belge et la française. Quelles seront les conséquences ? Il y a fort à parier que les citoyens seront mis à contribution dans les collectivités concernées. Ils risquent de devoir payer des dizaines d’années voire davantage. Le plus remarquable en toute cette déplorable affaire est le silence des responsables de ces collectivités. C’est leur conception de la démocratie sans doute, leur façon d’assumer leurs actes pour leur légèreté ou leur incompétence. Quant au cynisme de cette banque, il abattu tous les records et une dissimulation frauduleuse. Jamais comme à notre époque, on n’aura autant parlé d’argent, de crédit et de banque. S’agissant de Dexia, en Corse tout le monde se tait. Allez y comprendre quelque chose.
Marc’Aureliu Pietrasanta