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Rencontre avec Patrice Paquier

jeudi 30 juin 2011, par Journal de la Corse

Football sport selection corse

Patrice Paquier : « La porte de la sélection n’est fermée à personne »

Un mois après la victoire des Corses sur la Bulgarie, le secrétaire général de la « Corsica Football Association » évoque les nouvelles perspectives de la « squadra corsa ».

-Quel bilan dressez-vous au terme de ces trois années, pour la « squadra corsa » ?

C’est un bilan forcément positif. Nous avons franchi un cap important. Au niveau de l’engouement, le fait de voir plus de 6000 personnes à Timizolu face à la Bulgarie, un jour de semaine, de surcroît sous la pluie montre bien que les gens sont attachés à leur sélection. Sur le plan sportif, l’équipe avait débuté face au Congo, avant de rencontrer la Bretagne et le Gabon l’an dernier. Cette année, nous avons accueilli, pour la première fois, une nation européenne, qui plus est d’un bon standing. Enfin, le niveau de l’équipe est lui aussi, en hausse avec l’arrivée de Ludovic Giuly qui était absent en 2009 et 2010, ainsi que le retour de Sébastien Squilacci, absent l’an dernier. Il y a des signes qui ne trompent pas.

-Quels sont-ils ?

On a inversé la tendance. Les trois premières années, nous étions demandeurs, c’est -à-dire que nous avions contacté, nous-mêmes, différentes nations. Aujourd’hui, notre démarche s’est crédibilisée et renforcée. Nous avons déjà quelques contacts avec la Serbie, le Montenegro ou l’Irlande pour l’an prochain. Nous sommes invités au Canada. Nous finaliserons la prochaine échéance d’ici novembre. L’objectif, désormais, c’est de pérenniser la structure et l’équipe A. Et d’obtenir l’indispensable reconnaissance de la FIFA.

-Pourquoi cette reconnaissance ?Qu’apporterait-elle au football corse dans son ensemble ?

On veut suivre l’exemple des Îles Feroe qui participent aux éliminatoires de la coupe du monde et du championnat d’Europe. N’oublions pas que la Nouvelle Calédonie est déjà dans cette optique. Cela ouvrirait des portes et permettrait, grâce aux subventions de la FIFA, qui sont importantes, de pérenniser notre démarche et de l’étendre à l’ensemble du football corse. Il ne s’agit pas d’une reconnaissance pour une reconnaissance. Mais d’un projet basé sur le long terme. Cette caractéristique et la perspective de disputer des rencontres officielles va nous donner un autre élan. Si la Ligue Corse bascule, peu à peu, vers une fédération corse, nous aurons des « U 21 », « U19 », « U17 » derrière l’équipe une qui elle, servira de locomotive. Et si l’équipe est la plus compétitive possible, elle drainera forcément dans son sillage, un grand nombre de jeunes footballeurs désireux de porter ce maillot et de progresser. Car le fait de se confronter à d’autres nations, chez les jeunes, sera peut-être difficile sportivement au début. Mais, à terme, ils progresseront nécessairement. Prenez les îles Feroe, les premières années, ils prenaient des « cartons ». Aujourd’hui, des équipes comme la France ou l’Italie s’y imposent par un but d’écart et parfois dans la douleur.

-Les critères de sélection ont souvent été décriés. Qu’en dites-vous aujourd’hui ?

Nous avons toujours été clairs sur ce point. Notre priorité, c’est l’attachement que porte un joueur à ce maillot, et à travers lui, à cette île. Les joueurs actuels sont attachés à cette sélection. Ils payent leur propre billet d’avion et ne perçoivent pas de prime. Ils sont là pour l’amour du maillot et de la Corse. Il y a une identité très forte. Cependant, chacun des joueurs présents a fait lui-même, à un moment donné, la démarche de venir vers nous. Nous réaffirmons que la porte de la sélection n’est fermée à personne. Elle reste, au contraire, ouverte, à tous ceux qui en manifeste le désir. Par ailleurs, la CTC évoque un éventuel statut de résident ou une citoyenneté. Si tel est le cas, on s’y fixera au niveau sportif.

-La Corse faisant partie de la Méditerranée, pourquoi ne pas songer à la création d’un tournoi regroupant des pays ou régions tellement proches d’un point de vue culturel ?

Nous y songeons mais une telle démarche était impensable il y a trois ans. Du reste, nous avions contacté Chypre et Malte sans même recevoir de réponse. Aujourd’hui, la balle est dans notre camp. La « squadra » fait parler d’elle et l’on va pouvoir se pencher, effectivement, sur la mise en place d’un tel tournoi. Mais, il faut être patient. Nous n’avons que trois années d’existence et ce qui est accompli relève du miracle. Regardez la Catalogne et la pays Basque, ils existent depuis bien plus longtemps et ne parviennent toujours pas à prendre leur envol. Le rapprochement entre culture et sport nous paraît également primordial, tout comme la langue ; c’est pourquoi nous travaillerons dans ce sens avec toutes les personnes qui le désirent.

L’avenir de la « Squadra corsa » ?

L’objectif, c’est d’inscrire cette démarche initiée il y a trois ans, dans la durée. L’idée d’une sélection corse n’aurait jamais dû disparaître. Aujourd’hui, nous voulons faire en sorte que tous les footballeurs corses, petits et grands, bénéficient de l’aura impulsée par l’équipe A. C’est la raison pour laquelle cette équipe doit être la plus compétitive possible car le haut niveau est important, pour maintenir cette dynamique.

Interview réalisée par Philippe Peraut

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