La Corse est près de l’Italie. Tout près même. Pourtant il a fallu plus d’un an pour qu’une nouvelle atteigne ses rives. Une nouvelle d’importance puisqu’aux Olympiades de l’Air (World Air Games) de Turin en juin 2009 un Corse d’origine est monté sur la dernière marche du podium pour y recevoir la médaille d’or dans la série vol à voile acrobatique avant d’être sacré champion du monde dans cette catégorie devant l’astronaute russe Georgy Kaminski.
C’est à San Nicolao que sont les origines corses de Petru Filippini. Ses ancêtres y sont nés, son père y est né, qui fut un médecin réputé dans la région de Viterbo, son oncle aussi, le poète Anton Francescu Filippini auteur de nombreux ouvrages en langue corse et d’un dictionnaire. Petru Filippini, est, si l’on peut dire, un sportif de naissance. Déjà à treize ans il se classait premier au championnat d’Italie de saut à la perche dans la catégorie « Minimes ». Quelques années plus tard il passait avec succès les épreuves de professorat d’éducation physique après avoir évolué avec bonheur au sein de l’école nationale d’athlétisme. Parallèlement il obtenait ses brevets de pilote d’avion à moteur et de planeur, brevets qui devaient lui ouvrir toutes grandes les portes de l’aéronautique sportive. Quelques années plus tard, il allait devenir pilote instructeur de vol à voile avant de mettre, presque immédiatement, le cap sur l’acrobatie aérienne et participer aux championnats du monde dans cette discipline. Dés lors on le retrouve dans toutes les compétitions internationales de haut niveau. Les arabesques qu’il dessine dans le ciel avec son planeur, sont, de l’avis des spécialistes, les plus élaborées qu’on ait pu concevoir jusqu’ici. Ces arabesques on les retrouve dans l’unique manuel d’acrobatie aérienne, édité en Italie et dont il est l’auteur. On rappellera que Petru Filippini a à son actif près de 15 000 heures de vol dont une grande partie en tant qu’instructeur. Les plus passionnantes de ces heures-là il les a vécues quelque part au dessus de la Toscane après avoir découvert un flux d’ondes magnétiques stationnaires, phénomène rarissime qui donne au planeur des vitesses insoupçonnées. « Nous gagnions de l’altitude si vite que les aiguilles de l’altimètre galopaient comme celles d’un montre que l’on met rapidement à l’heure » écrit-il dans la revue « Aviazione Sportiva » ajoutant que c’était le début de véritable prodige. Au cours de ce vol exceptionnel le champion devait ressentir une grande émotion : « Alors que nous retournions vers notre aéroport avec le vent en poupe, j’ai découvert devant moi au moment de survoler le Monte Serra et sa forêt d’antennes émettrices de télévision, j’ai découvert la terre de mes ancêtres : la Corse. L’île apparaissait un peu voilée par la distance, quelque cent kilomètres mais ses contours étaient nets…. » Depuis cette révélation Petru rêve d’atteindre la Corse en planeur à partir des côtes toscanes. Ce serait une première digne du grand champion qu’il est. Mais pour la réaliser il faudrait qu’un jour il retrouve, selon ses prévisions, à cinq mille mètres au dessus du Monte Serra ce fameux flux magnétique qui en mettant un turbo à son « aliante » lui ferait franchir d’un trait le « Canal de Corse » où seuls, jusqu’ici les navires ont des voiles.
A.P.