Les dirigeants ajacciens ont, à l’évidence réussi leur mercato en s’attachant, il y a dix jours, les services de deux éléments de qualité : le défenseur bordelais Mathieu Chalmé (32 ans) et l’attaquant auxerrois Dennis Oliech (28 ans). Deux recrues de choix qui ont, du reste, effectué un baptême du feu très prometteur en « rouge et blanc », samedi dernier, à Evian.
L’ACA a fait son marché –il paraîtrait même, à l’heure où nous mettons sous presse, qu’il n’est pas terminé- Il y a une dizaine de jours, les deux nouvelles recrues ont été officiellement présentées dans les locaux du stade François Coty.
Mathieu Chalmé : l’expérience
Le nom de Mathieu Chalmé circulait depuis quelques temps déjà dans la cité impériale. Mais la rumeur avait été, plus ou moins, infirmée par les dirigeants ajacciens. Etait-ce pour mieux saisir l’opportunité. Quoi qu’il en soit, c’est un sacré client qui débarque du côté de Timizolu, jugez-en plutôt : 256 matchs de Ligue 1, 29 matchs de Ligue des Champions, 25 en Ligue Europa, un titre de champion de France (2009), une finale de coupe de la Ligue (2010), il n’aura, finalement pas manqué grand-chose pour le voir endosser la tunique Bleue mais les places étaient, il est vrai, très chères, à droite ou à gauche de la défense.
De Bordeaux à…Bordeaux
Au total, le Bordelais s’est bâti une sacrée carte de visite, doublée d’une excellente réputation en Ligue 1. Formé aux Girondins, Mathieu Chalmé, dont la ressemble est frappante avec un certain…Xavier Collin, aura dû attendre d’avoir 27 ans, pour porter les couleurs des « Marines ». « Au sortir de ma formation, explique-t-il, je n’ai pas été retenu et j’ai évolué à Libourne. » C’est en CFA, quelques années plus tard (2002) que les recruteurs…lillois dénichent ce jeune défenseur, habile techniquement, rapide dans son couloir et solide. Mathieu Chalmé effectue son baptême du feu en Ligue face à…Bordeaux. « Un mauvais souvenir, soupire-t-il, on en avait pris trois. » Rapidement, le défenseur s’impose comme une valeur sûre en Ligue. Avec les Dogues, il participe même à la Ligue des Champions deux années de suite (15 matchs au total) avec deux belles aventures. En championnat, il s’illustre le 13 mars 2004 à…François Coty où les Dogues s’imposent 3-0 (triplé de Chalmé). « J’ai marqué quatre buts en 256 matchs, dont trois ici à Ajaccio. Oui, cela ne s’oublie pas, surtout pour un défenseur. Mais ce jour-là, j’avais joué milieu droit. » En 2007, c’est le retour aux sources pour Mathieu Chalmé qui signe à Bordeaux pour une formidable aventure avec Laurent Blanc aux commandes. À la clé, un titre, une finale de coupe de la Ligue et un mémorable quart de finale de Ligue des Champions perdu d’un rien face à Lyon. Au passage, les Girondins avaient terminé en tête de leur groupe battant notamment le Bayern chez lui. L’après Blanc est difficile à gérer pour les Bordelais. Quant à Mathieu Chalmé, il n’entre plus dans les plans du coach et doit, le plus souvent, faire banquette (il ne dispute que 9 matchs lors des deux saisons écoulées). « J’ai joué mon dernier match le 4 octobre en Ligue Europa face à Newcastle. » Peu utilisé, il émet le souhait de quitter la Gironde pour la deuxième fois de sa carrière (l’ACA est son 3e club professionnel). « Je voulais absolument rebondir et trouver un club qui me corresponde avec un projet de jeu intéressant et des valeurs. Ajaccio avait ce profil j’espère apporter mon expérience pour un maintien rapide en Ligue 1. » À l’ACA, l’ancien bordelais a, visiblement frappé, à la bonne porte.
Dennis Oliech, un atout offensif de poids
Pour pallier le départ d’Eduardo, qui rejoint sa terre natale où il compte ouvrir une école de football, l’ACA s’est attaché les services de l’Auxerrois Dennis Oliech. À 28 ans, ce solide gaillard a fait souffrir bien des défenses de l’élite lors de son parcours à l’AJA. En début de saison dernière, il avait, même s’il était resté muet, fait beaucoup de mal aux Ajacciens. Sa vivacité, sa puissance et sa technique devraient beaucoup de bien aux « rouge et blanc ». Il l’a, du reste, montré, samedi dernier, à Evian, en ouvrant son compteur et pesant, sans cesse, sur la défense savoyarde.
Le Kenyan a débuté sa carrière au Qatar (Al Arabi). C’est là-bas que les dirigeants nantais sont allés dénicher cet attaquant d’avenir. Dans un contexte peu propice à son éclosion (le FC Nantes est à la fin d’une époque), il connaîtra, pourtant, des débuts difficiles. Dennis Oliech découvre la Ligue 1 le 12 mars 2006 face à Lille (1-1). Il dispute 9 matchs la première saison et 23 la suivante, avec quatre buts au compteur, mais les Canaris sont relégués en Ligue 2. Cela n’empêche le Kenyan de figurer dans la liste des 10 meilleurs espoirs du football mondial, éditée par le journal britannique « The Gardian ». Oliech va rebondir, de l’autre côté de l’Hexagone, à l’AJ Auxerre. En Bourgogne, il se refait, très vite, une santé et ne tarde pas à s’imposer comme un atout offensif de poids dans le dispositif mis en place par Jean Fernandez, l’entraîneur de l’époque. S’il n’est pas vraiment dans un rôle de finisseur, son entente avec Roy Contout et, dans l’ensemble, les joueurs à vocation offensive, (dont un peu plus tard, Frédéric Sammaritano) fait des merveilles et même des ravages
Ajaccio, troisième destination
Lors de la saison 2010-2011, l’AJA se hisse en 3e position au classement et participe à la Ligue des Champions après avoir, au préalable, éliminé le Zénith Saint-Pétersbourg (1-0-0-2). Mais le club est dans un groupe impossible, avec le Milan AC, le Réal et l’Ajax. Trop dur malgré de bons contenus et une victoire honorifique face à l’Ajax (2-1). Néanmoins, les Bourguignons auront laissé beaucoup d’énergie dans cette compétition. Ils alignent 16 matchs sans victoire et doivent se contenter d’une modeste 9e place. Et le pire est à venir pour le Kenyan qui connaîtra, un an plus tard, une nouvelle relégation. C’est dans l’anonymat de la Ligue 2, après 17 rencontres modestes, que les dirigeants ajacciens sont venus chercher l’attaquant qui s’est engagé pour deux saisons et demie. « Je suis très heureux d’être ici, confie-t-il, je retrouve la Ligue 1 où je compte progresser. Ajaccio m’offre la possibilité de me relancer à ce niveau, j’espère apporter ma contribution et, pourquoi pas, jouer, à terme, une place en Ligue Europa. Si on regarde le parcours de Montpellier, la saison dernière, on voit bien que tout est possible en football. » Pour le néo-ajaccien, qui a déjà fait forte impression samedi dernier à Evian, le passé est derrière. « Je ne me fixe pas d’objectif personnel, reprend-il, je suis au service de mon club, j’espère, bien sûr, marquer le plus de buts possible, mais l’essentiel, c’est le parcours du club. » Altruiste, mais fin limier, Dennis Oliech va incontestablement apporter de la profondeur au jeu ajaccien. Il a fait une grosse impression samedi dernier à Evian. Et, avec le retour de joueurs tels que Diarra ou Belghazouani, l’ACA dispose d’un trio capable, lui aussi, de faire des misères à bien des défenses de l’élite.