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LE SOUFFLE EUROPÉEN

jeudi 10 novembre 2011, par Journal de la Corse

Fédéralisme. Fédéralisme. On en parle beaucoup en ce moment pour l’Union européenne. Ce fut le projet des pères fondateurs, puis on l’oublia. Ils avaient d’abord voulu mettre fin aux guerres dévastatrices qui avaient mis l’Europe à quia. La construction économique fut choisie comme premier moyen de regrouper les Etats. Après quelques décennies, on passa à l’instrument monétaire avec la monnaie unique. Ce fut la création de l’euro. Une Banque Centrale Européenne fut établie, mais dépourvue de toute habilitation à émettre de la monnaie. On appela ce regroupement la « zone euro ». Une seule règle juridique se trouva édictée par traité : l’interdiction pour chaque Etat d’un déficit de son budget au-delà de 3%. Ce droit communautaire a été violé par tous les signataires sans exception. Les pilotes les plus patentés d’Europe viennent d’emboucher la corne de brume pour éviter de tomber dans le gouffre. Toujours dans le brouillard et le brouhaha, on a opiné sur la nécessité d’un gouvernail si l’on voulait éviter la perdition du navire. On pouvait penser que le premier élément de mise en œuvre aurait été pour la Banque Européenne la possibilité d’émettre de la monnaie et donc un premier pas vers la gouvernance européenne. Cela vient d’être refusé par l’Etat allemand. Alors comment l’Europe de l’euro va-t-elle pourvoir à l’alimentation de l’économie en monnaie ? La quasi-totalité des Etats surendettés agonise et ne peut obtenir davantage de crédits des investisseurs et prêteurs. Il faut pourtant et impérativement trouver de l’argent neuf. Alors, une sorte de tuyauterie assez compliquée a été mise sur pied, le Fonds européen de solidarité financière (F.E.S.F.) Les crédits obtenus seraient cautionnés et assurés par ces Etats, à bout de souffle de finances et de confiance et l’on ferait appel pour remplir la caisse du F. E. S. F aux fonds souverains des pays prospères, la Norvège, la Chine et d’autres émergents. Ok. Ceci permettrait de faire face au péril immédiat de dégradation aggravée de la situation. Et pour l’avenir, on a parlé à nouveau de fédéralisme européen, en se référant au modèle américain de ces Etats-Unis qui sont dotés d’une réserve fédérale pouvant battre du dollar pour se tirer d’affaire. Une Fédération européenne que l’on dit être le remède prometteur. On oublie seulement que les treize Etats originaires étaient tous de peuplement britannique et parlaient l’anglais. Malgré quelques différences locales ils avaient les mêmes institutions politiques et économiques, les mêmes coutumes, les mêmes idées sur la morale et la religion. Ils ont fini par considérer qu’ils formaient une seule nation. Autrement dit, la création juridique de cette nation unique, avec des Etats fédérés, existait déjà dans les faits. Il fut facile de cimenter parce que les gens qui la composaient avaient les mêmes intérêts et la même opinion concernant les moyens à utiliser pour satisfaire ces besoins et défendre ces intérêts. Bref, tout favorisait la création des Etats-Unis. Et pourtant, 73 ans après l’adoption de leur Constitution, il fallut une guerre civile dite de sécession, pour préserver l’union. Ces jours-ci, l’Union européenne vient de nous donner le spectacle navrant de ses contradictions, véritable cheval de Troie de la mondialisation. Les unifications monétaires ont fonctionné avec le protectionnisme et non avec le libre échange. Il manque à l’Europe, pour s’unifier vraiment, ce souffle des peuples qui la composent.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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