À 48 ans, cet homme souffrant d’une hémiplégie du côté droit a donné une extraordinaire leçon de courage et d’humilité en parcourant, du 14 au 21 juin dernier, la partie sud du GR20 qui relie Bavella à Vizzavona. Un défi de plus qu’il a voulu se lancer à lui-même pour donner espoir à tous ceux qui souffrent d’un handicap.
« La foi, dit-on, renverse les montagnes ». Pour ce qui concerne Jean-Pierre Ennos, elle lui a permit de les franchir ! Sportif depuis tout jeune, ce quadragénaire originaire de Savoie, souffre d’une hémiplégie de la partie droite depuis 1989, date à laquelle il fut victime d’un accident de la route en cherchant à porter assistance alors qu’un véhicule était en flammes. « Il m’a fallu réapprendre à parler et à marcher, explique t-il, ensuite, je me suis accroché au sport car c’est ma passion. »
Le GR20 après le Mont Blanc
Ancien sportif (il a pratiqué le karaté à haut niveau), le Savoyard remonte, peu à peu, la pente et voit dans le sport, le moyen de lutter contre cette adversité. Il effectue de nombreuses courses comme le marathon de Paris bouclé en 4 h07mn ou le prestigieux cross du Mont Blanc. La montagne devient, peu à peu, son « jardin » et il s’attaque, l’an dernier au plus haut sommet français. Un exploit qui sera, du reste, filmé. « Depuis mon accident, rajoute t-il, je me bats pour tous ceux qui souffrent de leur handicap mais aussi du rejet et du regard des autres. » Quant au lien avec son défi corse, destination où Jean-Pierre et son épouse Emmanuelle passent régulièrement leurs vacances, il remonte à l’hiver dernier. Frédéric Fresi, l’un des responsables de « Corsica Natura » est contacté. Jean-Pierre Ennos souhaite tout simplement parcourir le GR20 dans sa moitié sud (Bavella-Vizzavona). « J’ai découvert un homme très motivé par son défi, assure Frédéric Fresi, il a demandé à faire le GR comme les autres, sans aucune facilité. C’est une grande leçon de courage et d’humilité. »
Un message d’espoir
Le 14 juin dernier, Jean-Pierre Ennos s’est donc lancé dans le célèbre sentier de randonnée insulaire, parallèlement à un groupe de 20 personnes. Seule particularité, il a été sous la surveillance de Frédéric Fresi. « C’était plus dur de l’encadrer, reprend celui-ci, certains passages sont difficiles, cela a demandé plus de présence, surtout dans les descentes. Mais, Jean-Pierre est un excellent montagnard ! » Au total, les deux hommes ont parcouru 80 km en une semaine avec 5000 m de dénivelé et le superbe Monte Renosu à franchir. Chaque soir, Jean-Pierre et Frédéric ont rejoint les autres membres de cette « expédition » dans les gites prévus à cet effet. Des liens amicaux se sont liés avec certains d’entre eux, randonneurs ou même berger, notamment Jean-Louis Leandri (au Cuscione). « Jean-Pierre est devenu la personnalité marquante du GR20, poursuit Fred Fresi, sa simplicité et son courage n’ont laissé personne indifférent. Il nous donne une leçon à tous. » Pour le Savoyard, la nécessité de médiatiser son aventure s’imposait. « Ce défi, raconte t-il, je ne l’ai pas fait pour moi. C’est un espoir que je veux donner à toutes les personnes qui souffrent d’un handicap. Il ne faut pas baisser les bras. J’ai choisi le sport car c’est ma passion. À chacun de trouver la sienne pour surmonter ces épreuves. Pour ma part, je me lance continuellement des défis et je veux aller toujours plus haut, toujours loin. » Jean-Pierre a d’ores et déjà pris rendez-vous l’an prochain pour « le GR20 dans sa totalité. J’aimerais, également, donner des conférences en Corse ou faire une démonstration de karaté. » En attendant, il a choisi, comme prochain défi, de gravir le Grand Paradiso, plus haut sommet transalpin (4061 m) !
Ph.P.