A l’occasion de la fête du sport la Communauté d’Agglomération de Bastia a lancé un grand débat sur le sujet.
« Une olympiade de femelles est impensable, inesthétique et incorrecte ». Cette phrase qui fait bondir la gent féminine est de Pierre de Coubertin. Certes elle date d’un peu plus d’un siècle mais les choses ont-elles beaucoup avancé ? Pour les plus féministes, non. Pour les plus misogynes, oui. On ne peut nier qu’aujourd’hui la femme, est c’est bien normal, a toute sa place dans le sport et à parité avec l’homme. Pourtant… Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes, présente à Bastia, soulignait que persistaient bien des injustices. « Aujourd’hui le nombre de licenciées est en augmentation constante mais le nombre de femmes aux postes à responsabilités restent bien en deçà de ce qu’il devrait être ». Selon un rapport du ministère des sports rédigé en février dernier mais qui porte sur une enquête réalisée en 2010, les licences féminines représentent 37,3% des licences totales. En ce qui concerne la place des femmes au sein des organes de direction du mouvement sportif (clubs, comités, ligues, fédérations …) on relève que 28% sont des femmes. Le taux baisse même très vite lorsqu’on s’élève dans les instances dirigeantes : 9,4% de femmes sont des présidents de Fédération.
Fin des clichés
En certains sports, dits machistes, les femmes ont dû lutter pour se faire une place : football, rugby, boxe, hand… mais aujourd’hui certains clichés sont passés à la poubelle. On ne rit plus devant un match de football féminin et les handballeuses françaises ont fait honneur au pays. Mais tout n’est pas simple. « En Corse, comme surement ailleurs, nos structures ne sont parfois pas adaptées » souligne Joël Raffali, directeur départemental de la « Jeunesse et des sports » en Haute-Corse. « Je suis président d’un club de rugby (RC Lucciana) et nous avons la chance d’avoir des filles qui veulent pratiquer ce sport. Mais pas facile quand on ne dispose pas de vestiaires suffisants. Et ce n’est qu’un exemple ! ». Moins de problèmes pour Jean Carlotti, le charismatique président du Judo Club Bastiais : « La mixité a toujours existé chez nous, en France mais aussi en Corse. Nous sommes même bien loin devant le Japon, pourtant berceau des arts martiaux. Serions une exception ? Mais au JCB notre DTR est une femme ».
7 impératifs
A l’échelle internationale, si la Ligue du Droit International des Femmes reconnait qu’un verrou a sauté avec l’admission de la boxe féminine aux JO de Londres, elle vient d’envoyer au Comité Olympique, 7 impératifs :
Exiger une véritable parité femmes/hommes dans le cadre des disciplines et épreuves aux JO.
Respecter et amplifier les minima décidés par le CIO pour la promotion des femmes et atteindre la parité.
Rendre hommage aux pionnières du sport par un geste symbolique fort : remise de la médaille d’or à la marathonienne comme au marathonien.
Refuser la participation des pays qui excluent les femmes de leur délégation.
Respecter la neutralité du sport en interdisant le port de signes politiques et religieux.
Ne plus cautionner les jeux séparés pour les femmes institutionnalisant la ségrégation sexuelle dans le sport.
Dans et autour des JO : lutter contre les discriminations fondées sur les stéréotypes sexuels.
A l’échelle régionale, Rosy Sarrola, présidente de « Femmes solidaires » va lancer une grande enquête au sein des clubs insulaires pour connaitre non seulement le taux de licenciées mais aussi la place que les femmes occupent au sein des clubs, comités et ligues.
Ph.J.