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L’invitée

vendredi 1er octobre 2010, par Journal de la Corse

Invitee Agathe Albertini, présidente de l’Union Régionale des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie de Corse. « Les hôteliers sont confrontés à une concurrence déloyale qui constitue un frein à leur développement. » Agathe Albertini ne mâche pas ses mots lorsqu’elle dit ce qu’elle a à dire. Cette femme dynamique se bat depuis des années pour que les hôteliers puissent vivre décemment de leur profession. Ses combats sont exemplaires puisqu’elle les mène, et souvent les gagne, avec toujours la rage de vaincre. Que peut-on dire de la saison 2010 ? Qu’elle a été très bonne, bonne ou tout simplement moyenne ? Malgré la fréquentation des plateformes de transport, due pour l’essentiel à l’augmentation de l’offre maritime et aérienne, cette saison peut être qualifiée de bonne pour certains, mais moyenne pour beaucoup d’autres secteurs d’activité, notamment l’hôtellerie car, par exemple, lorsque 1000 touristes passent 14 nuits en Corse, cela fait 1000 billets d’avion ou de bateau aller/retour, et cela génère 14 000 nuitées. Mais si 2000 touristes passent seulement 7 nuits cela fait 2000 billets d’avion ou de bateau et toujours seulement 14 000 nuitées pour l’hébergement. La multitude d’offres d’hébergement (camping, résidences secondaires…), les mutations comportementales de la clientèle qui doit s’accommoder d’une baisse du pouvoir d’achat, ont contribué, notamment pour l’hôtellerie, à une diminution du taux d’occupation qui se traduit par une perte de trois à quatre millions d’euro. Est-il exact que la Corse est en manque de formation hôtelière ? La formation est un élément fondamental pour la mise en place d’une démarche de qualité durable. Malgré tout le luxe que pourrait offrir un hôtel sans un personnel formé, mais surtout impliqué, l’objectif à atteindre serait mis en péril. Former ses employés, c’est leur inculquer les valeurs de l’entreprise, c’est également les fidéliser. La Corse ne manque pas de formations mais elle a, comme beaucoup d’autres régions, de grandes difficultés à remplir ses stages. Prochainement nous informerons des types de formations proposées ainsi que leurs dates. Que peuvent apporter les nouvelles normes de l’hôtellerie ? Elles sont à même d’actualiser le référentiel datant de 1986 et anticiper ses évolutions à venir. De créer une catégorie 5 étoiles, supprimer la catégorie 0 étoile pour une meilleure lisibilité sur le plan international. D’accélérer la montée en gamme du parc hôtelier. Néanmoins c’est un classement volontaire valable 5 ans, mais aussi à la charge de l’exploitant. Nous avons jusqu’à 2012 pour en établir la demande. Cela permettra aux professionnels de faire le point sur l’état de fonctionnement ainsi que sur les services apportés à la clientèle, mais également sur les normes de sécurité, de handicap et de développement durable. Or, nous avons à déplorer le nombre de labels dont on veut nous faire supporter le coût. Handicap, environnement, hôtel certifié, qualité Corse sont à la charge de l’hôtelier. Nous souhaiterions que ce nouveau classement n’intègre pas tous ces labels car les coûts ne sont pas insignifiants. Il faut savoir que 83 % des hôteliers ne souhaitent pas changer de classement. Soit parce qu’ils sont satisfait du leur, soit, peut-être davantage, par crainte de ne pouvoir rentabiliser leurs investissements. Comment se fait-il qu’avec un aussi grand nombre de vacanciers plusieurs hôteliers ne parviennent pas à remplir leurs établissements ? A cause de la multitude d’offres d’hébergement : camping, camping-car, mobil-home et surtout un para commercialisme qui entraîne une concurrence déloyale et de ce fait fragilise l’hôtellerie. Face à cette situation l’application de la loi de 22 juillet 2009 et de l’arrêté de 2 août 2010 viennent de fixer les normes et la procédure des classements des meublés de tourisme qui sont des villas, appartements ou studios meublés offerts à la location, pour la journée, la semaine ou le mois, mais les loueurs doivent préalablement faire une déclaration à la mairie de leur commune. L’absence de déclarations entraîne une contravention de 450 euro, mais pour cela il faut que des contrôles soient effectués. Le changement de comportement de la clientèle, disposant d’un pouvoir d’achat moindre, a également contribué à cette baisse. Après ces constatations, il est important pour la survie de notre hôtellerie indépendante et familiale d’aider à l’étalement de la saison car c’est elle qui crée l’emploi et le pérennise. Il faut travailler ensemble à son évolution car nous ne voulons pas que notre île devienne une île aux volets clos. Votre opinion sur la saisonnalité ? L’ensemble de l’économie insulaire était étroitement lié à la durée de la saisonnalité (de 4 à 7 mois) et impliquait chaque année le recours à huit mille travailleurs ce qui engendre de multiples difficultés : De recrutement et de coûts. De rentabilité de plus en plus difficile des établissements. Des difficultés de logement. D’un manque de professionnalisation. D’une perte d’attractivité de la profession. Depuis plusieurs années, nous proposons à l’Agence du Tourisme de la Corse d’inclure dans son plan de communication une campagne de la Corse à l’année, ainsi que la mise en place de transports faciles et à bas prix. Alors que seulement cent hôtels restent ouverts toute l’année avec 800 salariés et de faibles taux d’occupation (de 25 à 45%) de novembre à mars, ce qui rend la rentabilité difficile, un réel soutien à cette hôtellerie serait souhaitable. Les saisons 2009 et 2010, nous ont démontré que ce n’est pas le nombre de touristes qui crée recettes et emplois. L’influence de la réduction de la TVA dans la restauration ? Lors d’une négociation au niveau national, la TVA dans la restauration est passée de 19.6% à 5.5% soit un gain de 14.1%. Cette baisse a été accompagnée, entre autres, de nombreuse compensations sociales (1% d’augmentation du SMIG, 2% prime TVA, prime de transport, mutuelle de santé..) cela augmentera notre masse salariale d’environ 5% alors que notre taux de TVA est passé de 8% à 5.5% soit un gain de 2.5%. La dérogation spécifique à la Corse de maintien des aides Sarkozy (règlements pôle emploi) obtenu jusqu’à la fin de 2010 est loin de compenser cette augmentation. Nous avons sollicité de nouveau l’UMIH national ainsi que nos élus afin d’obtenir la prolongation de cette aide jusqu’à fin 2012, sachant qu’il est important pour l’avenir d’obtenir de nouveau un statut spécifique insulaire mis en place dans le passé pour palier la cherté des produits importés. Votre Union Régionale vient de boucler sa onzième année, un anniversaire marquant ? Bien sûr puisqu’il est significatif de notre volonté de défendre la profession et de développer des services aux adhérents. En mettant à leur disposition des informations et des conseils dans les domaines juridique, fiscal et social. A ce jour, plus de trois cent professionnels ont adhérés à notre démarche, c’est dire………. (Interview réalisée par Jean-Noël Colonna)

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