Du 16 au 21 avril prochains, la cité impériale se met à l’heure des échecs avec le deuxième open international d’Aiacciu qui se déroule, comme l’an dernier, au château Bacciocchi (collège Saint-Paul). Plus de 300 participants sont attendus autour de trois tournois : l’open, réservé aux meilleurs joueurs corses, nationaux, et internationaux, le tournois « jeunes » et le « blitz » (parties rapides). Le tout placé sous l’égide de la Ligue Corse et répondant à une politique bien distincte : promotion et formation. L’occasion, à une semaine du début, de prendre le pouls avec Jean-Pierre Giordani, président de l’Echecs Club Ajaccien et vice-président de la Ligue Corse.
Le deuxième open d’Ajaccio ouvre ses portes le 12 avril prochain. Comment se présente-t-il ?
Sous les meilleurs auspices puisque nous dépasserons vraisemblablement l’affluence de l’an dernier qui avait, pour une « première », dépassé, de loin, toutes nos espérances. Le premier Open était, en quelque sorte, un coup d’essai, nous ignorions où il allait nous conduire. Cette année, l’équipe a eu le temps de peaufiner l’organisation et la communication au niveau national et international. Nous avons, déjà, dans ce sens, franchi un palier. Le tournoi sera cumulé avec une manifestation qui se tient, ce week-end à Calvi et qui réunit de grands maîtres internationaux. Nous aurons donc ces Grands maîtres à l’Open ce qui rehaussera considérablement le niveau. Nous attendons près de 400 participants.
Quels objectifs poursuivez-vous, à travers ce tournoi ?
La Corse occupe, aujourd’hui, une place très importante à l’échelle internationale en ce qui concerne les échecs. Nous surfons sur une vague qui drainer, derrière elle, un potentiel énorme. Pour autant, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers et continuer de travailler. Voir des grands maîtres internationaux confrontés à de jeunes licenciés constitue une caractéristique propre à cette discipline. C’est porteur et profitable à nos licenciés. Le tournoi est la vitrine du club. Mais, au-delà de l’aspect médiatique que génère la venue des meilleurs joueurs mondiaux, nous ne perdons pas de vue notre objectif. Il reste, en toile de fond, le même. À savoir, ouvrir cette discipline à la masse, en extraire, à terme, les meilleurs éléments, leur donner une formation suffisante leur permettant d’évoluer au niveau national et international.
Comment se porte le club, à ce jour ?
Très bien ! Il continue son chemin dans la lignée d’une politique que nous avons mise en place lors de notre prise de fonction. On s’était fixé comme objectif de franchir le cap des 1.800 licenciés fin 2013, nous y parviendrons sans doute bien avant, c’est le signe que nous avançons. Nous manquons encore de moyens et de formateurs pour dispenser des cours dans les écoles de la cité impériale. Toutes ne sont pas encore pourvues en la matière et ce sera donc l’un de nos objectifs à court terme.
Parmi vos licenciés à l’ECA, combien participeront aux prochains championnats de France ?
Un millier d’enfants ont participé, en Corse, aux différents tournois qualificatifs. Il en reste environ 150 dont une cinquantaine sont issus de l’Echecs Club Ajaccien. On note, et ce n’est pas une surprise, une très forte délégation corse aux championnats de France « jeunes ». Nous pensons que notre élite même si elle est elle-même, issue de la masse, sera présente à l’occasion de ces championnats.
Les joueurs corses sont-ils, aujourd’hui, redoutés ?
Les jeunes assurément. Un exemple : dans la catégorie « poussins », nous avons cinq ou six licenciés qui sont susceptibles d’être sacrés champions de France. En tout état de cause, les meilleurs élo sont en Corse.
Quelle est la situation globale de la discipline à l’échelle régionale ?
D’une manière générale, elle est bonne. Nous avons pallié le manque de subventions de certaines collectivités en signant des conventions avec d’autres organismes et nous nous félicitons, à ce titre du soutien de toute l’économie insulaire puisqu’à ce jour, près de 150 entreprises corses sont partenaires de la ligue corse d’échecs.
Ajaccio-Bastia, pas de rivalité au niveau échiquéen ?
Certainement pas et bien au contraire, des liens très étroits, tant avec Bastia, que Calvi, la Costa Verde ou Porto-Vecchio pour ne citer qu’eux. Pourquoi ? Tout simplement parce que, depuis fort longtemps, nous avons bien compris qu’en Corse, l’organisation des clubs doit être complémentaire. Pour assoir définitivement l’open international d’Ajaccio, la ville de Calvi met en place quelques jours avant, un autre open de manière, justement, à permettre à ces joueurs de rester en Corse. Lorsque le Corsican Circuit débute à Bastia, les Ajacciens sont là pour participer au tournoi mais aussi pour aider à l’organisation. Et quand un nouveau club fête sa naissance à Porto-Vecchio, tous les présidents des clubs de l’île sont là pour lui souhaiter la bienvenue. Le tout, coordonné par une ligue qui reste omniprésente. Il y a une volonté commune d’aller de l’avant.
Léo Battesti devrait prendre les rênes de la Fédération française d’échecs. Si tel était le cas, brigueriez-vous le poste de président de la ligue corse ?
Absolument pas ! La fonction de président de la Ligue Corse d’échecs n’est pas incompatible avec celle de président de la Fédération Française. Nous souhaiterions tous que Léo Battesti reste à la présidence de la Ligue Corse. Il est important que le « Père » des échecs en Corse continue à garder cette fonction. Bien sûr, la Ligue est organisée avec un bureau, des vice-présidents, dont je fais partie, une direction, un pôle de détection, un formateur spécialisé dans l’élite. Et nous serons tous là pour suppléer Léo dans son emploi du temps. Il serait, éventuellement, moins présent en Corse mais nous serons là pour continuer la voie qu’il a ouverte.
Interview réalisée par Philippe Peraut