Tout est passé si vite en ce dimanche 29 juillet. Les premiers pas sur le tatami londonien, la satisfaction du devoir accompli, les cinq combats d’une journée, à jamais gravée dans la mémoire de cette gamine de 20 ans. Elle avait l’insouciance de son âge comme alliée, ses qualités mentales, physiques et techniques ont fait le reste. Ivoirienne de naissance et corse de cœur, la jeune athlète tricolore a séduit tout le monde sur les bords de la Tamise, à commencer par Frédérique Jossinet, ancienne championne olympique, en personne. Elle entre dans le cercle des médaillés olympiques mais la légende des JO lui ouvre grand ses portes et elle pourrait, à l’avenir, changer le bronze en or. Allez, elle a bien gagné quelques instants de gloire sous les feux de la rampe. Mais, Dieu que ce fut difficile, durant près de 24 heures, de lui arracher quelques mots au bout du fil. Finalement, avec la simplicité inhérente à son personnage, elle s’est y est collée, entre deux cérémonies, quelques séances photos et une multitude d’interviews. Ne pas oublier d’où l’on vient, rester soi-même, ce qu’elle sait faire à merveille, c’est aussi l’apanage des grands…
Vous avez réalisé une performance énorme, dimanche dernier, aux JO. Que ressentez-vous, moins d’une semaine plus tard ?
Il n’y a pas de mot pour exprimer ! C’est une joie immense. Et je crois que je ne réalise pas encore ce qui s’est passé. Je m’étais préparée pour réussir mes JO, je crois que c’est fait (rires). Cela fait plusieurs années que j’y songeais. C’est un moment très fort.
Vous êtes apparue très à l’aise lors l’occasion de cette compétition. Comment l’avez-vous abordée ?
Je ne me suis pas pris la tête. J’y suis allée comme s’il s’agissait d’un tournoi tel que j’en dispute tout au long de la saison. Je n’ai pas réellement emmagasiné de pression. J’étais sûre de mon judo, je suis restée concentrée, dans ma bulle en faisant abstraction de ce qu’il y avait autour. Et ça a marché (rires).
Un regret lors de ce quart de finale qui vous échappe de peu ?
Oui, c’est vrai que j’aurai pu faire mieux même si je suis heureuse de monter sur le podium. Ce combat s’est joué sur des détails, peut-être l’expérience ou l’arbitrage, qui m’attribut un point, puis, dans la foulée, le donne à mon adversaire. J’ai tout donné, comme lors de chaque combat.
Une médaille de bronze, voilà qui vous ouvre à une grande réputation. Comment comptez-vous la défendre sachant que le plus dur commence ?
Pour le moment, je savoure et je ne me pose pas la question. C’est un moment merveilleux mais je suis une compétitrice et, de ce fait, ambitieuse. Je ne compte pas m’arrêter là. Je reste humble et je vais continuer à travailler de la même façon, avec la même énergie qu’à mes débuts. En espérant remporter d’autres titres même si les JO, c’est quelque chose de vraiment particulier.
Vous voilà sous les feux des projecteurs. Comment gérez-vous cet élément nouveau, de surcroît, à votre âge ?
L’impact médiatique fait partie du sport de haut niveau. Il faut l’accepter et faire avec (rires). J’essaye de me rendre disponible, je prends aussi des moments avec mes parents et mes anciens entraîneurs, Gilles Seydoux et Jean-Yves Andarelli qui sont venus de Corse pour me voir. Il y aussi des moments de pause, surtout après la compétition.
Comment allez-vous passer les prochaines semaines ?
Je reste à Londres jusqu’au 8 ou au 9 août pour suivre les JO. Après quoi, je rentrerai me reposer, chez moi, à Porto-Vecchio, auprès de ma famille et de mes proches. Ensuite, nous allons partir en vacances, entre amis, peut-être en Croatie, pour décompresser, faire le vide avant d’attaquer la prochaine saison.
Quel message souhaitez-vous passer à tous ceux qui, en Corse, vous ont soutenue le 29 juillet dernier ?
Je les remercie tous du fond du cœur ! De mes entraîneurs à mes amis aux simples supporters. Je sais qu’ils étaient tous derrière moi. Mon téléphone était saturé de messages vocaux et de SMS ! Je suis fière d’avoir réussi ce parcours, pour eux et pour la Corse, ma terre d’adoption. D’ailleurs, je crois que les médias en ont beaucoup parlé. Je dédie cette médaille à toute la Corse.
Propos recueillis par Philippe Peraut