Alain Orsoni : « L’ACA doit, désormais, s’inscrire dans la durée »
Le président ajaccien revient sur l’extraordinaire saison accomplie par l’ACA. Il évoque, également, les différents chantiers auxquels il entend s’atteler à court terme afin d’installer durablement le club en L1.
L’ACA retrouve l’élite au terme d’une saison à suspense. Que cela vous inspire t-il ?
C’est, bien entendu, une immense satisfaction mais ce n’est pas du tout une surprise. Les spécialistes du football ont tendance, à mon sens, à appréhender les compétitions sportives comme un bilan comptable. Avec tel budget et tels joueurs, on termine à telle place. Heureusement, le football reste un sport avec un certain nombre de paramètres qui ne sont pas de l’ordre comptable : la générosité, l’engagement, la solidarité, la fierté de porter un maillot, et cela permet d’obtenir des résultats différents de ceux à quoi l’on s’attendait. Et je considère, au regard de nos moyens et de nos structures, que c’est un énorme exploit. Néanmoins, je vous avouerai très franchement qu’au lendemain du stage, j’ai annoncé que l’on jouerait la montée. Je ne pouvais, certes, pas garantir que l’on terminerait dans le trio de tête, mais j’étais persuadé que l’on serait à la lutte pour l’accession. Sur le terrain, les joueurs ont fait le boulot avec un staff technique extraordinaire. Mais c’est aussi la récompense de toutes les composantes du club. Il y a eu, en amont, une osmose, une solidarité, un état d’esprit, une capacité d’engagement et une détermination qui font que cette accession est tout sauf un hasard. C’est simplement le résultat d’une équipe qui a mérité ce qu’elle a obtenu. On n’a pas d’argent mais on a du cœur ! Le fait de porter ce maillot et de représenter la Corse nous a imposé une discipline particulière, une fierté, et l’ensemble de ces éléments ont joué dans notre parcours.
Vous devez, désormais, vous atteler à un autre chantier avec, en premier lieu, celui du recrutement. Pouvez-vous nous en dire plus dans ce domaine ?
Nous n’avons pas travaillé avant d’avoir la certitude d’être en L1, donc au soir de la 38e journée, ce qui est somme toute, récent. C’est aussi une question de respect vis-à-vis du groupe qui a obtenu cette accession sur le terrain. D’ailleurs, à une quelques exceptions près, le groupe actuel sera reconduit. Pour ce qui est du recrutement, nous misons sur l’apport de sept à huit joueurs. Il ne s’agit pas de changer l’équipe mais de lui donner des atouts supplémentaires. Les joueurs appelés à nous rejoindre auront, bien entendu, l’état d’esprit requis. L’objectif, c’est de doter le club d’une équipe qui aura sa place en Ligue 1 dans les années à venir. On doit s’inscrire dans la durée.
Avec une moyenne de spectateurs qui a doublé en quelques mois, près de six cents supporters à Nîmes et une extraordinaire ferveur populaire au lendemain de l’accession, considérez-vous que l’ACA a gagné un public ?
C’est, il est vrai, énorme, mais cela doit s’inscrire dans le temps. On a triplé le nombre d’abonnés et fidélisé nos supporters. Il y a eu un boulot énorme effectué dans ce sens. L’erreur serait de croire que c’est arrivé et que le stade sera plein à chaque match. On doit poursuivre notre travail, notamment auprès des quartiers, des jeunes et à travers l’image véhiculée par le club afin d’accroître notre potentiel public. C’est vital mais je crois que nous sommes sur la bonne voie.
Autre chantier, délicat, celui-là. Il concerne les travaux de réfection du stade et l’investissement des collectivités. Qu’en est-il ?
Nous sommes confrontés à une situation très difficile mais je répète ma conviction intime que les élus qui se sont engagés tiendront leur parole. On traîne et c’est frustrant. J’ai confiance même s’il faudra éviter que les délais s’allongent indéfiniment. Rien ne s’oppose à notre accession. En attendant ces travaux, la Ligue devrait tenir compte que l’on a dépensé 5 millions d’euros sur nos fonds propres. Il y a également les lettres d’engagement des élus.
L’agrément du centre de formation ?
Il ne peut pas être obtenu pour l’instant en raison du nombre trop restreint de terrains d’entraînement dont nous disposons. Nous avons des solutions en attente, on doit y remédier très rapidement mais il nous faut, au préalable, trouver les financements. Il faudra compter une saison voire deux. Le centre est un outil important pour l’avenir du club. Son homologation permettrait d’attirer plus de joueurs, d’avoir des garanties et de bénéficier de subventions ou de la taxe d’apprentissage, ce qui n’est pas négligeable pour un club comme l’ACA.
Vous aviez annoncé votre retrait une fois les travaux de réfection du stade effectués. Est-ce toujours d’actualité ?
Plus que jamais ! Quand j’ai décidé de reprendre les rênes, c’était pour achever l’oeuvre de Michel Moretti. Elle passait par la mise en conformité du stade et le retour en L1. Si tout va bien, le stade Michel Moretti sera inauguré la saison prochaine et... nous serons en Ligue 1.
Philippe Peraut