La main…verte de l’ACA
Sa silhouette est connue du côté du stade François Coty. C’est là, depuis treize ans, que Francis Mondoloni, jardinier du club, a littéralement élu domicile. De prime abord, il semble un tantinet caractériel (ùn hè mai cuntentu !) mais dès qu’on le connaît mieux, cet homme au grand cœur se dévoile, tel nos anciens. Sans doute, faut-il y voir, là, ses racines de paesanu (au sens noble du terme) à Cuzzà. Rencontre avec un personnage atypique.
À l’ACA, Francis Mondoloni, jardinier et responsable de l’entretien de la pelouse fait figure d’ancien et ne laisse personne indifférent. Une main par ci, une bise par-là, il aura toujours le mot qu’il faut et sait surtout rester à sa place. « Ne me demande pas de commenter le côté sportif, lance-t-il, chacun son rôle et c’est comme ça qu’on avance dans un club. » S’il est moins connu des jeunes générations, les plus anciens, qu’ils soient supporters, joueurs ou même dirigeants connaissent particulièrement celui qui arpente sa silhouette sur la pelouse de Timizolu depuis la saison 1999-2000. Treize années passées à préparer minutieusement l’aire de jeu des « rouge et blanc ». Son jardin secret. Ancien dirigeant du « regretté » Olympique Ajaccien, Francis Mondoloni, Cuzzanicu de pure souche, a fait ses armes sur la pelouse de Barthélémy Silvani avant de poursuivre sous les couleurs du…GFCOA en national au terme de la fusion. Déjà, il gérait la verte pelouse du stade Ange Casanova. « L’Olympique, avoue-t-il, une pointe de nostalgie dans les yeux, mon premier club, ça ne s’oublie pas. Il a disparu, ce n’est la faute de personne. Dans une fusion, un club disparaît toujours. Et puis, nous n’avions plus, à l’époque, les moyens de continuer. »
Une aventure de 13 ans
L’Ajaccien connaîtra la folle saison 1998-2000 sous les couleurs du gaz avec, à la clé, le « tristement » célèbre article 131. Enfin, un an plus tard, il prendra la route de l’ACA, contacté par Michel Moretti, pour une aventure qui perdure depuis treize ans. Mais il revient, à la demande de l’ACA, donner de temps en temps, un coup de main au Gaz. Jardinier d’un club professionnel, un métier qui nécessite un travail très pointilleux. « Il n’y a pas de hasard, reprend-il, c’est un travail précis. On ne fait rien durant les mois de décembre et janvier mais le reste du temps, on doit s’adapter aux saisons et ce n’est pas une mince affaire. » Le jardinier, qui gère une équipe de trois personnes et bénéficie d’un matériel de grande qualité, a appris sur le…tas. « J’ai beaucoup lu, et surtout échangé avec les jardiniers d’autres clubs comme Bordeaux ou Auxerre. Mais c’est la passion qui te guide. Sans elle, tu ne fais rien. » Depuis cette saison, la pose d’une aire de jeu flambant neuf semble lui faciliter la tâche. « Pas vraiment, se défend-il, même si c’est beaucoup mieux puisque l’ancienne datait de 1968, le travail est toujours là et on doit redoubler de prudence. Le soleil, les cheminées du Vazzio, les oiseaux sans compter les éventuels champignons, rien ne disparaît ! En outre, le sol est compact, il faut souvent replaquer. On a plus de travail. »
L’anecdote Rolland Courbis
Depuis 1999, Francis a vu passer de l’eau sous les ponts. « Le club a grandi, c’est bien, le stade est quasiment terminé. L’ACA ressemble enfin à un club professionnel, c’était le rêve de Michel Moretti, il est en passe d’être accompli. » Friand d’anecdotes, il en retient volontiers une, jugez-en plutôt : « Avant de recevoir Monaco en 2004, Rolland Courbis, entraîneur à l’époque, m’avait demandé de ne pas couper la pelouse sur les côtés pour freiner la vitesse de Rothen et Giuly sur les côtés. Résultat, à la mi-temps on en avait quatre dans la valise. » Mi truculent, mi philosophe (à sa manière), Francis Mondoloni continue avec passion de prendre chaque matin on scooter, direction Timizolu. On en oublierait presque qu’il souffle, cette année, ses…soixante-dix bougies. « Arrêter ? Je ne pose pas la question. Ci hè sempre a saluta. Tandu, m’arrizu tutti i ghjorni… » lance-t-il en guise de conclusion avant d’évoquer la venue de Saint-Etienne dans son style caractéristique : « On va les écraser…1 à 0 ! »
Ph.P.