À 27 ans, le défenseur ajaccien a retrouvé, en « rouge et blanc », un second souffle. Il a entamé, en juillet dernier, sa sixième saison à l’ACA où il fait déjà figure d’ancien.
C’est l’histoire d’un destin. Ou plutôt d’un parcours atypique. Celui d’un gamin né à Lyon mais formé chez « l’ennemi » intime, l’ASSE. Un gamin qui a longtemps choisi entre le noble art, où il avait de réelles prédispositions et le football où sa carrière d’athlète lui conférait des atouts. Un gamin qui, à 19 ans, était capitaine de l’équipe de France espoir et avait le monde (footballistique) à ses pieds. Les plus grands se l’arrachaient : Liverpool, Manchester United, le Bayern ou la Juventus. Et finalement, Carl Medjani n’a pas connu l’entame de carrière qui lui tendait les bras. La faute au destin ? À des choix de carrière ? Un départ précipité de Saint-Etienne, le cocon vert où il avait grandi ? « Mektoub » (c’est écrit), glisse-il, aujourd’hui, avec une plus grande maturité et une pointe de philosophie, « je crois que l’on fait le plus beau métier du monde ; on vit de notre passion et quand on voit la vie actuelle, on n’a pas le droit de se plaindre. Je suis heureux de ce que je fais et ne regrette rien de ce que j’ai vécu. »
ACA-Saint-Etienne, le clin d’œil du destin
Le destin guidera les pas du jeune Carl Medjani, parti trop jeune de Saint-Etienne et retourné en France après une expérience manquée à Liverpool. C’est, pourtant, face à Saint-Etienne qu’il disputera son premier match en L1 avec le FC Metz. C’est encore face à Saint-Etienne qu’il inscrira son deuxième but au sein de l’élite, cette fois, sous les couleurs de l’ACA, un club qui, sans bruit, va le remettre sur les bons rails. « J’étais à Lorient, se souvient-il, la saison avait été cauchemardesque en L2, on avait échoué d’un rien dans la course à la L1, j’avais très peu joué. Quand l’ACA m’a contacté, j’ai voulu y tenter ma chance. » Encore ce sacré destin qui, cette fois, mettra sur sa route, un club taillé pour lui. « Les premiers temps ont été difficiles mais on a senti, d’entrée, qu’ici, ce n’était pas comme ailleurs. Une ambiance plus familiale, des rapports humains et une région extraordinaire. Pour moi, ce fut un contexte, il est vrai, idéal même s’il fut marqué par la disparition brutale de Michel Moretti, notre président. » Il l’ignore encore mais le néo ajaccien va signer un long bail en « rouge et blanc ». Six saisons (la dernière a débuté en juillet dernier) parsemées de peines, de difficultés (maintiens sur le fil en L2) puis l’apothéose lors de la saison 2010-2011 avec une accession. Des retrouvailles pourtant délicates au sein de l’élite. « On a été très costauds l’an dernier. Personne ne misait un euro sur nous, mais nous avons fait la différence mentalement. » C’est l’an dernier que Carl Medjani a retrouvé son poste de prédilection. « Je peux m’adapter mais c’est là, en défense centrale, que je me sens le plus à l’aise. » Puis, le brassard, cette saison et des matchs pleins où il accomplit, à merveille, son rôle de leader. « On a fait un bon début de championnat, certes, mais tout va très vite et la compétition est très longue. Pas question de se relâcher. » Ce vendredi, Carl Medjani va retrouver son club formateur. Et quand il l’évoque, son regard scintille. « Geoffroy-Guichard, c’est un stade mythique, comme l’ASSE. Il renoue avec son glorieux passé et connaît une très belle période. Je suis leur premier supporter…quand ils ne jouent pas contre l’ACA ! » Et si, comme l’an dernier (il avait été auteur, face aux verts, d’un but splendide), Carl Medjani se rappelait au bon souvenir des verts ?
Ph.P.