Le Gazelec a entamé, le 11 janvier dernier, le cycle retour par une victoire face à Istres. Le club « rouge et bleu » s’est, peu à peu, mis au rythme de la Ligue 2 à travers, notamment, ses sept unités comptabilisées en trois matchs avant le coup d’arrêt subi à Arles-Avignon, la semaine passée. Fort d’un état d’esprit conquérant et renforcé par trois nouvelles recrues, il compte bien, même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir d’ici mai, accomplir sa mission. Alors que le GFCA s’apprête à recevoir Le Havre, ce vendredi, à Mezavia, Christophe Ettori, son directeur sportif, évoque la situation du club.
Le GFCA s’est remis en selle après une première moitié de saison délicate. Quelle analyse, faites-vous de cette période et comment voyez-vous la suite ?
J’estime que l’on présente, compte tenu de nos possibilités, un bilan somme toute correct. Il pourrait être mieux mais il pourrait aussi être pire. Le niveau était, au départ, bien plus élevé que ce que l’on pensait, il a fallu s’y adapter. On a réussi avec ces sept points pris sur les deux dernières journées du cycle aller et la première du cycle retour à recoller au maximum avec les équipes qui luttent, comme nous, pour le maintien. Dommage que l’on connaisse une fin de série, vendredi dernier à Arles car nous avions largement les moyens de ramener un résultat. Le positif, c’est que peu d’équipes, durant cette période, ont été en mesure de nous surclasser. On doit s’en inspirer pour la suite de la compétition.
Qu’est ce qui fait, selon vous, la différence en Ligue 2 ?
Les zones de vérité. Plus on monte de niveau, plus ce sont elles qui donnent le tempo. C’est dans ce domaine que nous avons travaillé et réussi, partiellement, à corriger certaines erreurs. On a su être, à la fois, plus efficaces sur le plan défensif en concédant moins de buts mais aussi dans le domaine offensif où nous sommes parvenus à être plus réalistes. On a abordé, quoi qu’il en soit, les phases retour de manière beaucoup plus sereine. Il y a la place et le potentiel pour relever ce challenge mais chaque match possède sa vérité et l’on sait qu’il faudra lutter jusqu’au bout pour le maintien. La défaite de vendredi dernier, face à Arles-Avignon ne remet rien en cause. Il y aura d’autres moments difficiles d’ici le mois de mai. Il nous reste neuf matchs à la maison, c’est là que se jouera le maintien.
Le GFCA reste relégable mais il s’accroche à chaque sortie et progresse. Malgré cette situation périlleuse, il n’a jamais lâché. Pensez-vous que cela lui confère une force supplémentaire ?
Ce groupe a prouvé sa force mentale, il est armé pour relever le challenge du maintien. Il est humble, connaît ses limites et s’efforce de les repousser à chaque fois. L’aspect positif se situe dans l’ambiance qui règne au sein du groupe, son osmose et sa très bonne cohésion avec le staff et le coach. C’est, je pense, de bon augure pour la suite.
Le mercato ?
On a pris trois joueurs, non pas pour faire le nombre, mais pour avoir, véritablement, un plus dans les domaines concernés. Le club voulait des joueurs d’expérience qui connaissent bien ce niveau. On ne présente plus Jean-François Rivière en L2 et encore moins à Ajaccio. Abdoulaye Maïga a remporté deux coupes d’Afrique des Nations. Et l’on vient d’enrôler Raïs M’Bolhi, le gardien de l’équipe d’Algérie qui nous rejoindra après la CAN. Ce sont des joueurs que nous avions ciblés, ils ont montré, chacun, un gros intérêt pour rejoindre le club, c’est important et primordial.
Pensez-vous que le GFCA puisse se mettre au diapason du monde professionnel ?
On y travaille, c’est l’un des objectifs majeurs du club. Et il y a des chantiers importants en cours. L’esprit général du gazelec doit tendre vers le monde professionnel. On est un club populaire, familial de type amateur avec des coutumes ancrées. N’en déplaise à certains, il va falloir, nécessairement, à un moment donné, couper ce « cordon », tout en gardant nos spécificités, notre âme et cette proximité indispensable avec le peuple « rouge et bleu. » Ce changement est vital pour l’avenir du club. Ce qui, d’un point de vue historique, a toujours été difficile pour le Gaz, tout le monde en est conscient. Mais il faut franchir ce cap. Nous avons commencé avec la remise aux normes du stade, on doit poursuivre dans ce sens.
Des tensions règnent entre certains supporters et l’entraîneur, Jean-Michel Cavalli. Comment le club compte-t-il y remédier ?
Ces problèmes ne représentent que certains cas isolés qui veulent, à un moment donné, s’approprier une part de réussite ou exister à travers le club. Je suis, personnellement, prêt à laisser ma place dès demain si besoin est. On n’a pas le temps de s’attarder à ça ! Nous avons toujours eu les mêmes objectifs : le maintien du club en Ligue 2 et nous concentrons nos efforts dans ce domaine. Le GFCA doit continuer à avancer. Je pense que l’on peut, tout de même, être fier de ce que l’on a fait. Et il reste encore des tas de choses à faire.
Cette année première année de Ligue 2 n’est-elle pas, finalement, la plus difficile pour le GFCA ?
C’est le cas de tout club qui accède au niveau au-dessus. Et qui plus est, pour un club étiqueté amateur comme le nôtre. Le professionnalisme est une marche très compliquée ; il ne faut, certes, pas s’en faire une montagne mais c’est tout de même un monde nouveau avec des exigences bien strictes. On a tout à apprendre. Mais, c’est tout de même plus plaisant de jouer à Bollaert, à l’Abbé Deschamps ou à la MMA Arena, qu’à, sans faire offense à qui que ce soit, Tarbes, Uzès ou Auriac. Le professionnalisme apporte, également, du plaisir et s’il l’on en est satisfait, on doit se donner les moyens d’y rester.
Deux clubs professionnels à Ajaccio, c’était un rêve inaccessible il y a vingt. Ce rêve, concrétisé aujourd’hui, n’est-ce pas une fierté ?
Oui, tout à fait. Récemment, j’ai rencontré le recruteur d’un grand club européen venu superviser un joueur lors du match de coupe de France CAB-SCB. Il a expliqué que, dans certaines discussions autour des formations, notamment en ce qui concerne le management, de nombreuses personnes étaient interpellées par la façon de procéder des clubs corses et leurs résultats, pour un si petit bassin de population. Avec peu de moyens, ce que l’on fait en Corse, est tout simplement extraordinaire. On est cités en exemple, ce n’est pas le cas tous les jours mais on peut, effectivement, être fiers de ce qui arrive.
L’ACA en Ligue 1, le Gazelec en Ligue 2. La rivalité subsiste-t-elle encore ?
Il existe encore des antagonismes, c’est historique mais il en est de même dans bien des villes et des pays. Regarder Londres qui doit avoir 10 clubs en premier League. La petite ville d’Ajaccio peut être fière d’abriter deux clubs professionnels mais il est important, à mon sens, qu’il y ait ces deux entités distinctes même si, pour l’heure, ce n’est pas comparable. L’ACA a ses spécificités, le GFCA les siennes.
Interview réalisée par Philippe Peraut