L’athlète médaillée d’argent à Londres, était en visite à Ajaccio la semaine dernière. Dans la matinée, elle a été reçue par le maire Simon Renucci. Avant d’animer des stages durant l’après-midi au Centre Master Park d’Ajaccio, que dirige Nicolas Sanna. Entre deux stages, quelques autographes et photos souvenirs, la championne au palmarès impressionnant, a accepté, avec simplicité et gentillesse, de répondre à nos questions…
Quel était le but de votre visite ?
Venir à la rencontre des pratiquants de Taekwondo de Corse. L’île est séparée du continent et tenue, malgré elle, à l’écart ce qui s’y passe. Je suis, également, venue partager cette médaille d’argent. C’est une première visite dans l’île mais, en fonction de mon emploi du temps, j’aurai, je l’espère, l’occasion de revenir. Enfin, je souhaite apporter mon expérience à tous les pratiquants, et pas seulement aux compétiteurs. Echanger avec tous, notamment sur les contraintes que le haut niveau nécessite.
Quelle politique, la Fédération souhaite-t-elle développer ?
Elle veut unifier toute la famille du taekwondo. Elle souhaite, pour cela, que tout le monde soit concerné par les perfs réalisées à Londres. Nous, athlètes, avons pour mission de faire passer ce message partout. Je viens de Polynésie et ce sport est présent même si loin. J’y suis allée ; je suis aujourd’hui, en Corse et je me rendrai dans d’autres régions de France afin de partager cette médaille avec tout le monde et tisser des liens entre tous pour favoriser l’essor de cette discipline. Les deux médailles obtenues à Londres vont créer une véritable émulation. Seul, les JO permettent un éclairage sur ce sport, il faut en profiter.
On considère le taekwondo comme le parent pauvre des arts martiaux loin derrière l’aura du judo et du karaté. Qu’en pensez-vous ?
En terme de licenciés, on est, il est vrai, très loin derrière. Mais on existe, on est de plus en plus connus et on fait notre part du travail. Les JO nous ont fait une énorme publicité. Et puis, nous sommes sport olympique et c’est le rêve de tout athlète de haut niveau.
Comment se porte le taekwondo, aujourd’hui, au niveau national ?
Pas mal ! Nous sommes, au niveau des filles, 2e nation mondiale et 1ère européenne, cela montre qu’il y a une réelle progression. Cela s’est, du reste, concrétisé à Londres puisque les deux filles ramènent une médaille. Il nous reste 4 ans, pour faire grimper l’équipe masculine qui est, quelque peu, en perte de vitesse.
Les garçons étaient longtemps les porte-drapeaux du taekwondo français. Aujourd’hui, les filles ont pris le dessus. À quoi l’attribuez-vous ?
À la base, les filles sont peut-être plus bosseuses ! (rires). Cela a mis plus temps à se concrétiser, elles sont restées longtemps dans l’ombre des garçons mais la machine s’est lancée et cela va aller en progressant.
La Corse ?
C’est la première fois que j’y viens. Je n’ai eu le temps de visiter que la ville d’Ajaccio. Ca me fait chaud au cœur d’être ici. Je viens d’une île et entre îliens, on se comprend. Nous avons des valeurs de vie et une mentalité qui fait notre force. Je suis médaillée olympique mais je sais relativiser, je n’ai pas la grosse tête et surtout, je n’oublie pas d’où je viens.
Vous aves côtoyé Priscilla Gneto, membre de l’équipe de France de judo, à Londres ?
C’est une fille géniale ! On se voit souvent à l’Insep. C’est une amie de l’équipe de France que j’ai rencontrée à Londres, justement. Je lui ai dit que je venais en Corse, elle a été ravie. Je reconnais en elle, beaucoup de mes traits de caractère.
Un regret de n’avoir pas remporté la médaille d’or à Londres ?
J’ai longtemps songé à cette finale et une victoire manquée d’un rien. Après analyse du match, j’ai été gagnée par le stress pour la finale, ce qui n’avait pas été le cas auparavant. J’étais favorite et j’ai échoué à six minutes du bonheur. Sur le coup, j’étais très déçue. Aujourd’hui, sept mois après, je suis tout de même fière de cette médaille. En outre, cela me laisse un goût amer et j’irai à Rio pour chercher l’or.
Une rencontre corso-polynésienne à l’avenir ?
Pourquoi pas, ce serait génial ! La Corse, c’est l’île de Beauté et Tahiti, c’est le paradis sur terre. Avec ça, il y a sûrement moyen de faire quelque chose.
Interview réalisée par Philippe Peraut