ACA

jeudi 6 septembre 2012, par Journal de la Corse

Adrian Mutu

« J’ai toujours la même motivation qu’à vingt ans »

L’an dernier, l’ACA avait été, à pareille époque, sous les feux des projecteurs avec la venue de Memo Ochoa, la star mexicaine. Mais cela n’a aucune commune mesure avec l’arrivée d’Adrian Mutu. À trente-trois ans, celui que les tifosi de la « Viola » (Fiorentina) avaient surnommé « il fenomeno », possède une carte de visite unique en Ligue 1, à l’exception de Zlatan Ibrahimovic. Jugez-en plutôt : deux cent soixante-douze matchs et cent trois buts en dix saisons dans le Calcio, vingt-huit matchs, sept buts en Champions’ League, (quatre participations), une demie finale (2003-2004), un quart de finale (2005-2006), vingt-cinq matchs, dix-sept buts en coupe UEFA, soixante-treize matchs, trente-quatre buts avec la sélection roumaine ! C’est, bel et bien, une star de grande envergure qui a débarqué à l’ACA. Sans doute le plus grand joueur de l’histoire du club. Pour autant, Adrian Mutu ne vient ni en star ni en « sauveur ». Mais se dit prêt, en toute simplicité, à relever un nouveau défi en Ligue 1. Humble, discret, disponible et surtout très motivé, quelque peu gêné par tant d’effervescence lors de son arrivée, le personnage que nous avons rencontré contraste avec la réputation dont on l’affuble. Il est l’un des premiers à l’entraînement-il voulait s’entraîner le lendemain de son arrivée- a tenu à participer au décrassage de dimanche dernier et travaille seul à la fin des séances afin de parfaire sa condition physique. Voilà qui devrait faire taire ses détracteurs avant qu’il ne montre l’étendue de ses qualités sur le terrain.

Vous avez connu de grands clubs. Pourquoi avoir choisi Ajaccio comme destination ?

Je crois que les conditions étaient réunies pour que je vienne ici, à l’ACA. Le courant est passé de suite avec Alain Orsoni, le président. Il m’a exposé les projets du club, m’a parlé des valeurs et de la qualité de vie ici, en Corse. À 33 ans, j’ai privilégié ma famille, après avoir connu une saison difficile avec Cesena. Ajaccio est un club qui n’a, certes, pas l’aura de ceux dans lesquels j’ai déjà évolué. Mais c’est un club sain dans lequel je compte bien apporter ma contribution. Je sortais d’une saison difficile avec Cesena, la perspective de jouer en Ligue 1, dans un championnat que je ne connais pas mais qui est d’un bon niveau, m’a paru intéressante. Et puis Ajaccio est un club du Sud, qui ressemble, par certains côtés, à l’Italie, cela a facilité mon intégration.

À 33 ans et après la carrière que vous avez connue, certains parlent de pré-retraite ?

Pas du tout ! J’ai toujours la même envie et la même motivation qu’à vingt ans ! Je suis prêt à relever un nouveau challenge avec le club. L’argent est passé au second plan. Je joue, avant tout, pour la passion et tant que les jambes suivront, je jouerai.

L’ambiance, à François Coty où la moyenne de spectateurs oscille autour de 6000, est loin de celles que vous avez connues dans le Calcio. Qu’en pensez-vous ?

Les supporters ont chanté durant quatre-minutes face à Evian. L’ambiance est bien là. Et cela donne envie de rentrer et de jouer pour ce public. Peu importe que l’on joue devant 5000 ou 50000 spectateurs, l’essentiel, pour les joueurs, c’est de sentir soutenus, et l’on voit bien, à l’ACA, que le public est derrière son équipe. Je suis convaincu qu’il viendra de plus en plus nombreux au fil des matchs.

Que comptez-vous apporter à l’ACA ?

Je ne viens pas en star et suis prêt à aider le club à grandir. Mais il ne faut pas croire que l’ACA va gagner parce que je joue. Le football est un sport collectif, Adrian Mutu n’est rien sans les autres joueurs qui composent l’équipe. J’ai vécu ce statut l’an dernier avec Cesena et l’on voit où cela nous a menés. Je suis déterminé à donner le meilleur de moi-même comme je l’ai fait partout où je suis passé. Je veux apporter mon expérience et mettre mes qualités au service de l’équipe.

Quel est votre sentiment sur le match de samedi dernier, face à Evian ?

L’équipe a fait un match très sérieux avec de la qualité et de la détermination. Avec un peu plus d’attention et de concentration, elle aurait très bien pu gagner par trois ou quatre à zéro. Mais il y a un très bon groupe et les moyens de réaliser une belle saison.

Où en êtes-vous sur le plan physique ?

Je n’ai pas eu de préparation avec Cesena, on avait juste travaillé à part avec quelques joueurs, c’est beaucoup trop juste. Mais ça va déjà beaucoup mieux depuis mon arrivée à Ajaccio il y a une dizaine de jours. Je sais que les supporters ajacciens sont déçus de ne pas m’avoir vu jouer contre Evian. Je m’entraîne régulièrement, à raison de deux séances par jour et je pense être fin prêt pour le prochain match à Lyon.

Vous ne jouez pas avec la Roumanie, ce week-end. Le sélectionneur comptait, pourtant, sur vous. Pourquoi ce choix de dernière minute ?

Nous en avons parlé avec le sélectionneur. Je suis encore trop juste pour jouer avec mon club, il en est de même avec l’équipe nationale, même en entrant en cours de match. Je ne veux prendre aucun risque. J’ai donc choisi de rester ici et de continuer à travailler afin d’être prêt le plus rapidement possible. Mais je serai présent lors des prochaines échéances.

Vos détracteurs évoquent votre réputation parfois sulfureuse. Que leur répondez-vous ?

Je ne veux pas parler du passé. Aujourd’hui, je suis marié et père de trois enfants, c’est cela qui compte pour moi. Je ne veux parler que de football et non d’autres choses. Néanmoins, mes réponses, je les apporterai sur le terrain.

Vous avez lancé un défi à Zlatan Ibrahimovic. Pourquoi ?

C’est plus un clin d’oeil amical à Zlatan avec qui je suis très proche, qu’un véritable pari. Nous partagions la même chambre avec la Juventus. C’est un très grand joueur et je lui souhaite bonne chance avec son nouveau club, surtout en Ligue des Champions. Ceci étant, j’espère marquer le plus de buts possible avec Ajaccio.

Interview réalisée par Philippe Peraut

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