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A la rencontre d’Olivier Pantaloni

jeudi 31 mai 2012, par Journal de la Corse

Au terme d’une compétition particulièrement éprouvante, l’ACA signe un deuxième bail consécutif au sein de l’élite. L’entraîneur ajaccien revient sur une saison riche en émotions avant de faire le point sur le prochain exercice et d’évoquer la bonne santé du club en matière de formation.

L’ACA rempile en Ligue 1 au terme d’une saison difficile. Quel est votre sentiment sur le film de cet exercice 2011-2012 ?

Le premier sentiment, c’est la satisfaction d’avoir réalisé ce miracle. Ce fut une saison très éprouvante, avec une issue, heureuse, comme en 2011mais différente dans la mesure où nous avons souffert beaucoup plus par rapport à la saison précédente où, grâce à nos victoires et notre position au classement, l’on travaillait avec plus de sérénité. Cette année, au contraire, il a fallu cravacher, travailler en enchaînant les défaites et trouver les ressources et le bon discours pour repartir de l’avant. Quoi qu’il en soit, tout comme l’an dernier, nous avons fait preuve d’une grande force mentale, certainement plus importante encore qu’en 2011. Tout simplement parce que le niveau était plus élevé et nous n’avions pas de résultat jusqu’en décembre. Ceci étant, on s’attendait à vivre une saison difficile. Nous avions fait le pari de conserver l’ossature de la saison précédente et de recruter en fonction de nos moyens. On est partis avec une équipe en début de saison ; on est arrivés avec la même en mai et le travail a toujours été fait de la même manière pour arriver à l’objectif que nous nous étions fixés. On peut, certes, être sujets à critique mais notre grande fierté, c’est d’avoir pu nous maintenir en L1 contre toute attente.

Avez-vous pensé, notamment, quand vous comptiez jusqu’à 8 points de retard sur le 17e, que l’ACA était condamné ?

Cela a été très dur, effectivement, à un moment donné. Il y a toujours eu des moments de doute où l’on pensait que c’était cuit. Mais, et c’est là sa grande force, très rapidement, on voyait que le groupe était près à s’accrocher. Cela a toujours gardé en nous, l’espoir d’y arriver. C’est vrai quand on compte huit ou neuf points de retard sur le 17e, on se demande comment on va pouvoir les rattraper surtout quand on ne parvient quasiment pas à gagner. La force du groupe, c’est qu’il n’a jamais renoncé.

Où situez-vous le déclic qui vous a permis véritablement de franchir un palier important dans la course au maintien ?

Je pense que le match de Lille nous a, dans son contenu, redonné confiance. Dans la foulée, nous avons eu des résultats face à Nancy, Rennes et Sochaux en totalisant, sur trois matchs, quasiment autant de points que lors des 16 premières journées. Cela nous a remis complètement dans le coup. À la trêve, j’étais persuadé que l’équipe avait les moyens de se maintenir.

Paradoxalement, l’ACA ne parvient plus à gagner, à partir du match de Marseille, début mars, et enchaîne deux mois difficile avant la dernière ligne droite. À quoi l’attribuez-vous ?

Il y a, fin mars, un gros match face à Lorient que l’on ne parvient pas à remporter et des matchs importants à la maison comme Nice ou Brest où nous avons laissé échapper des points. Il est évident que lorsqu’on ne gagne pas de match, la pression s’accentue. Quand on est revenus dans la course, on s’est dit, de manière inconsciente, que tout résultat négatif nous ferait replonger et cela nous a empêchés de jouer libérés. Ça s’est joué dans la tête sans omettre un effectif qui n’étant pas pléthorique, ne pouvait guère véritablement tourner.

Quel a été, selon vous, le match le plus important ?

La victoire face à Sochaux. C’est, à mon sens, le match qui nous permet de nous maintenir. Toute autre issue nous aurait sans doute condamnés. Un scénario de fou qui, au final, nous sourit et nous permet d’espérer. Sans cette victoire, le groupe aurait été très atteint moralement, de surcroît à trois journées de la fin. On voit bien, à l’arrivée, que l’on termine avec 41 points et que sans ces trois unités, nous étions relégués. Nous n’étions, en tout cas, plus maîtres de notre destin à Toulouse.

Où situez-vous la différence par rapport à vos autres concurrents ?

Elle s’est faite au niveau du mental. On a été costauds à ce niveau-là. Il faut également souligner, à l’inverse de bien d’autres clubs, que malgré la situation, il n’y a jamais eu de tension au sein du groupe ni du club. Tout le monde, au contraire, a tiré dans le même sens. Quand au vestiaire, certains cadres comme Titi Debès, Yohan Cavalli, Yohan Poulard ou Carl Medjani ont su tenir le groupe dans les moments difficiles.

Passons, désormais, à l’avenir. Le groupe 2012-2013 se dessine t-il ?

Nous y travaillons depuis la fin du championnat. Sportivement, certains joueurs n’ayant pas eu trop de temps de jeu cette saison, pourraient avoir une opportunité avec d’autres clubs. Ensuite, d’autres joueurs, et je pense notamment Carl Medjani, Memo Ochoa ou Benjamin André, peuvent être sollicités par des clubs plus huppés. Des clubs aux prétentions et aux ambitions bien au dessus des nôtres contre lesquelles on ne pourra pas s’aligner. Et puis, eût égard aux services rendus par ces joueurs, on ne les empêchera de quitter le club s’ils en éprouvent le désir. Concernant les arrivées, nous allons nous efforcer de recruter dans toutes les lignes en insistant sur l’aspect athlétique. On se doit d’être plus armés dans ce domaine tout en conservant nos principes de jeu. Pour le reste, nous continuerons dans notre lignée avec des joueurs au profil recherché qui s’inscrivent dans ce que l’on veut mettre en place. L’objectif étant de parvenir à doubler tous les postes à qualité égale.

Que pensez-vous des autres sections de l’ACA et notamment les « nationaux » ? Certains joueurs vous paraissent-ils susceptibles, à terme, le groupe pro ?

En matière de formation, et plus particulièrement dans ces catégories nationales, le club a fait du bon travail. Pour ce qui est de leur intégration, il est encore prématuré de l’évoquer. Certains jeunes « U17 » et « U19 » ont montré de belles choses cette saison. Ce sont des jeunes prometteurs mais nous verrons pour la suite en fonction de l’effectif. Il est évident, pour un club comme l’ACA, qu’il est vital de sortir des joueurs du cru comme nous avons pu le faire avec Benjamin André ou JB Pierazzi. Néanmoins, le gouffre est encore important entre les « U19 » et le monde professionnel. Des joueurs peuvent se révéler chez les jeunes et même en CFA2 et puis ne pas être en mesure d’aller plus haut.

Personnellement, vous avez passé, avec succès, votre diplôme et avez été nominé parmi les quatre meilleurs entraîneurs de Ligue 1. Une belle promo, qu’en pensez-vous ?

Ce diplôme est indispensable pour entraîner, aujourd’hui, au plus haut niveau. J’étais, auparavant, sous dérogation, je n’en ai plus besoin désormais et c’est une liberté. Au niveau de la nomination, j’avais été nommé en L2 et je le suis cette année, c’est une grande fierté quand on sait que cela émane du vote des entraîneurs. C’est une reconnaissance, quelque part, d’être reconnu par ses pairs.

Vous avez débuté comme adjoint, puis gravi, avec discrétion, les échelons vous permettant d’entraîner, aujourd’hui, en Ligue 1. Quel regard portez-vous sur cette carrière ?

J’ai beaucoup de recul par rapport à tout cela. C’est le fruit d’un travail de longue haleine mais, dans ce milieu, c’est tellement aléatoire. Dans la difficulté, on dit que l’entraîneur est responsable et quand on obtient des résultats, il est mis en avant. Je suis au club depuis 1994, joueur, adjoint, puis entraîneur et je n’ai guère changé depuis toutes ces années. J’essaye de faire mon métier le plus honnêtement possible.

Quel est votre sentiment sur la fabuleuse saison du football corse ?

C’est quelque chose d’extraordinaire et je ne sais pas si les gens en mesurent réellement l’ampleur. Pour une région de 300.000 habitants, avoir trois clubs professionnels, dont deux en L1 et sans doute un quatrième en National avec le CAB, c’est inimaginable quand on voit les clubs qui se battent pour exister dans des villes comme Paris, Marseille ou d’autres grandes villes de France. C’est difficilement explicable compte tenu de nos faibles moyens. La mentalité et la passion qui règnent en Corse doivent, sans doute, y être pour beaucoup. C’est une source de fierté et de motivation importante pour nous. Un de vos confrères m’a récemment dit que les prochains derbies entre ACA et SCB allaient être chauds. Je lui ai répondu que ce serait plus chaud pour les 18 autres clubs de L1 d’avoir à se déplacer deux fois en Corse.

Interview réalisée par Philippe Peraut

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