Deux corses à l’académie … des 1ères lignes Incroyable mais vrai, la France n’a plus ou presque plus de bons piliers ! L’urgence est telle que la Fédération France de Rugby a créé une Académie des 1ères lignes pour enrayer le mal. Deux corses y participent activement. Septembre 2010, Christian Califano et Sylvain Coto débarquent à Marcoussis (Essonne). Marcoussis … Pour les non-initiés, Marcoussis est au rugby ce que Clairefontaine est au football : le temple du ballon ovale, le lieu de rassemblement du XV de France avant ses matchs internationaux, de stages et autres séminaires concernant le rugby. Christian Califano, ancien international français (plus de 70 sélections entre 1994 à 2007) ancien pilier de Toulon, Toulouse, Auckland, Saracens, Agen et Gloucester connaît forcement bien la maison mais y vient cette fois en temps que représentant le Comité Corse de Rugby. Car depuis quelques mois, «  Cali  » s’est installé en Corse, s’y est marié et a entrepris de donner un solide coup de main au rugby insulaire. Présent au comité, il joue aussi dans les rangs de Bastia XV. Sylvain Coto est lui aussi bien connu dans le milieu rugbystique insulaire. Il a ainsi fréquenté les packs de Ventiseri, SC Bastia ou Bastia XV avant de devenir entraîneur. Nos deux gaillards, forts sympathiques au demeurant, viennent donc de participer à un stage de l’Académie des 1ères lignes. Garuet, Dospital, Paparemborde Si par le passé l’équipe de France a été crainte par ses adversaires, la présence de très bons piliers en est certainement la raison. Mais voilà depuis quelques années le pays manque cruellement de tels joueurs. En cause certaines règles qui sous prétexte de protéger les piliers, font que les joueurs ne poussent plus en mêlées fermées alors que les accidents sont toujours aussi nombreux principalement lors de l’impact en entrée en mêlée. Aussi à l’initiative de Didier Retière, actuel entraîneur du XV de France, une Académie des 1ères lignes a t-elle été créée. Cette Académie Nationale, déclinée en académies régionales, avec des référents dans chaque club, comité ou ligue, a pour but de redonner une place importante à la mêlée et aux joueurs qui la composent et éviter les accidents. «  Cette Académie est un bienfait pour le rugby français car c’est une reconnaissance du travail et des efforts fournis par les 1ères lignes, un travail souvent anonyme  » souligne l’ancien international Jean-Pierre Garuet. «  On croit à tort que ces joueurs sont des bourriques mais au contraire ceux qui font carrière à ce poste sont des gens intelligents, très souffrants, très reconnaissants de l’effort collectif car la mêlée fermée est composée de 8 gars et c’est la résultante d’une force qui est envoyée par ces 8 gars. Un jeu de force parfois dangereux. Au fil des ans les règles ont changé pour rendre le jeu plus dynamique et il faut aujourd’hui beaucoup d’entraînement pour éviter les accidents, des accidents parfois très graves  ». Une année expérimentale Fer de lance de cette académie : Didier Retière. «  Cette action fédérale a été créée il y a 3 ans. Les objectifs sont la communication et les actions sur le terrain. Cette année apparaît comme une année expérimentale car on a modifié les règles et on ne connaît pas encore les effets indirects que cela va avoir. Une chose est sà »re on a connu trop d’accidents et on doit protéger nos jeunes. Aujourd’hui c’est un petit retour en arrière par rapport aux modes qui ont été lancées successivement par le rugby de haut niveau, c’est à dire ces gros impacts, ces 8 joueurs de plus en plus massifs. On est donc revenu à une vraie lutte, un jeu collectif à 8 contre 8 où il n’y a pas d’impact mais une poussée, une intelligence pour travailler sur l’action et la réaction de l’adversaire et pouvoir prendre l’avantage. Les éducateurs qui participent au stage ont été missionnés par les régions pour ensuite porter la bonne parole, transmettre leurs connaissances, leur expérience pour aider les entraîneurs qui parfois n’ont pas joué à un tel poste. Ce stage est aussi l’occasion d’échanges entre nous. C’est très constructif  ». Représentant le comité corse et Bastia XV, Christian Califano reconnaît l’importance d’un tel stage : «  Ce stage est important non parce qu’on a des lacunes en Corse mais parce qu’on a beaucoup de travail à faire avec nos jeunes. Le président Savary et toute l’équipe technique en ont pris conscience et je suis très content d’apporter mon expérience. Si on continue à se donner les moyens on peut faire de belles choses ici. J’ai participé à l’atelier des 1ères lignes fédéraux et à ce niveau il y a un travail bien spécifique au niveau de l’échauffement, des positions. A moi ensuite de le mettre en pratique notamment à Bastia qui évolue en Fédérale 3. On pense souvent que la mêlée c’est simple, qu’on rentre comme des bourrins. C’est en fait très complexe, très compliqué et il faut être hyper concentré. Il y a un travail minutieux à faire en amont  ». Protéger les jeunes Référent 1ère ligne en Corse, Sylvain Coto réalise un rêve de jeunesse en allant à Marcoussis. «  C’est un lieu merveilleux où on rencontre des joueurs mythiques. Aujourd’hui beaucoup de questions se posent sur ce poste de 1ère ligne car on a recensé beaucoup de blessés l’an passé. On doit donc trouver des solutions pour y remédier. Personnellement j’ai participé à un atelier sur les moins de 15 ans. On y a notamment travaillé les postures car à partir de janvier 2011, les U 15 vont eux aussi pousser à 8. En Corse cela concerne les jeunes des clubs de Bastia, Lucciana, Porto Vecchio et Ventiseri. Je vais donc m’attacher à mettre en place des situations de travail avec les éducateurs, expliquer les nouvelles règles. C’est passionnant  ». Quant on connait la passion qui anime Christian et Sylvain, on ne peut être que confiant ; nos gamins sont en de bonnes mains. Rendez-vous d’ailleurs ce week-end à Lucciana pour le Camp des vendanges. Ph.J