Après deux années de travail, et quelques mois d’une interminable attente, la Corse s’apprête à vivre, ce week-end, l’événement sportif le plus important de son histoire. Avec la venue du prestigieux Tour de France cycliste, c’est une grande partie de la planète qui aura les yeux braqués sur l’île durant trois jours. Trois étapes, l’une réservée aux sprinters, et les deux autres aux grimpeurs, de Porto-Vecchio à Calvi en passant par Bastia et Ajaccio. L’occasion de prendre le pouls à quelques heures du grand départ. Et d’évoquer les différents acteurs insulaires ayant contribué à la venue, pour la première fois de l’histoire, de la Grande Boucle dans l’île.
Moins de deux ans se sont écoulés depuis l’officialisation de la venue du Tour de France en Corse, le 6 décembre 2011. Une interminable attente. Un an et demi de conférences, réunions, comités, travaux, des dizaines d’acteurs impliqués, avec plus ou moins d’importance, pour faire de ces trois jours, l’événement le plus important depuis le bicentenaire de la naissance de Napoléon, le 15 août 1969, à Ajaccio.
Pierre Cangioni ouvre la route
On ne manquera pas, dans un premier temps, d’évoquer ce siècle « d’oubli » pour la seule région de France à n’avoir jamais accueilli, pour de maintes raisons, la prestigieuse « Grande Boucle : manque de moyens, de sécurité et surtout une question restée vaine durant bien des décennies : « Comment faire venir et surtout gérer 4000 personnes durant trois jours (un millier entre les sportifs et l’encadrement, 2300 journalistes, 200 TV, 700 médias). Une question à laquelle Pierre Cangioni, grand artisan de cette réussite, aujourd’hui loin des feux de la rampe, a, lui, planché. Le tour en Corse ? « Simplement l’aboutissement d’un rêve de gosse, avouera-t-il, voir passer les coureurs du tour de France devant chez moi, à Bocognano, j’y pense depuis que je suis enfant. » Un dossier traité depuis 2004 auquel Jean-Marie Leblanc, alors directeur du Tour, n’avait pas adhéré. Son successeur, Christian Prudhomme, ancien journaliste de Pierre Cangioni à la Cinq, acceptera, lui, de relever le défi. Tout est en marche. Dans la foulée, le duo Cangioni-Prudhomme parvient à convaincre les élus de la CTC. Mais les élections de 2010 freinent cet élan. Qu’importe, l’actuel président de l’exécutif, Paul Giacobbi, est rapidement séduit. Et ce qui était, jusqu’ici, un rêve inaccessible devient réalité officialisée le 6 décembre 2011. L’idée de Pierre Cangioni pour accueillir les journalistes ? Une salle de presse mobile et…flottante : le Mega Smeralda de la Corsica Ferrie. Une idée soulevée à l’occasion du championnat du monde de boxe 1990 Coggi-Ramirez disputé à Ajaccio mais qui n’avait pu se concrétiser.
Trois jours de magie
Cette fois –et quelle fois !- le fondateur de Téléfoot, à qui l’on doit également les grandes lignes du parcours a réussi son pari. Tout est fin prêt pour le passage des coureurs. La Corse entière vibre déjà à l’idée de voir passer les Schleck, Contador, Evans, Voeckler, Cavendish, etc. Trois jours d’une effervescence peu commune, d’une magie qui nous fera oublier les contraintes causées par la fermeture des routes. Sans compter sur le plus coup de pub que la Corse n’aura jamais eu : plus d’un milliard de téléspectateurs !
Philippe Peraut