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« Je n’irai jamais à un combat quej e sais ne pas pouvoir mener. »

vendredi 12 juillet 2013, par Journal de la Corse

Laurent Marcangeli, député

« Je n’irai jamais à un combat que je sais ne pas pouvoir mener. »

Pour sa première année de parlementaire, le nouveau député a eu du pain sur la planche. Homme d’action – il se définit comme tel- il n’a guère ménagé ses efforts, allant même, parfois, jusqu’à faire grimacer sa propre famille politique. Laurent Marcangeli revient ici, sur la première année de son mandat. Il évoque, également, la crise traversée par l’UMP sans oublier les prochaines municipales.

Quelle analyse, tirez-vous de cette première année en tant que Parlementaire ?

J’ai le sentiment d’avoir été en accord total avec les engagements pris auprès des habitants de la circonscription. Je pense leur avoir démontré une chose qui, pour moi, est fondamentale : il est possible de les représenter autrement à l’Assemblée Nationale, d’être un député actif, qui amende, produit la loi et fait entendre la voix de la Corse. Même si un bilan reste perfectible, je n’ai pas trahi le message que j’ai porté l’an dernier. D’un point de vue plus général, je ne m’estime pas satisfait, compte tenu de la situation très difficile, en Corse comme au niveau national. Et il va falloir travailler très dur pour la rétablir.

Vous avez souvent été sur le devant de la scène au cours de cette année. Vous avez pris position contre le mariage pour tous, le vote des étrangers et vous vous êtes, surtout, élevé contre le ministre de l’intérieur à la suite de ses propos sur les Corses face à la violence. Comment qualifiez-vous ces prises de paroles ?

Je ne me cache pas et représente des valeurs, un territoire. Cela fait, également partie de mon caractère. Il aurait été, criminel, de ma part, de fermer les yeux sur les propos de Manuel Valls à l’égard des Corses. J’ai été élu pour interpeller le gouvernement lorsque j’estime qu’il s’éloigne d’un certain nombre de fondamentaux. Je fais partie d’une génération qui ne supporte plus que les responsables politiques, quelle que soit leur coloration, portent des jugements de cette nature sur la Corse. Votre position en faveur de la coofficialité de la langue corse et surtout votre présence aux « Ghjurnate Internaziunale » l’an dernier, ont fait grincé votre famille politique. Qu’en pensez-vous ?

Il y a toujours une part d’incompréhension dans ce genre d’action. Il faut, à mon sens, replacer les choses dans leur contexte. Concernant Corte, j’avais le choix d’y aller ou non. Ne pas y aller aurait été contraire au message que j’avais porté à l’époque. Celui d’une certaine décrispation de la vie politique en Corse. J’étais à Corte en tant que membre de l’UMP et j’ai dit, devant 700 personnes, que je ne voyais pas d’avenir, pour la Corse, en dehors de la République Française. C’est une position claire. En revanche, j’avoue avoir pris position en faveur de la coofficialité de la langue. Mais c’est une position très ancienne ; j’ai toujours été, avant d’être élu conseiller général, municipal ou député, dans cette logique. Et c’eût été, pour moi, bien plus préjudiciable de tourner ma veste une fois élu.

Une réforme de la Constitution semble nécessaire pour la Corse. Pour autant, les gouvernements, de gauche comme de droite, y semblent, pour l’heure, peu enclins. Qu’en dites-vous ?

Il ne faut pas raconter d’histoires aux Corses ! On ne trouvera pas les 3/5e du Parlement pour modifier la Constitution, le moment n’est pas encore venu. On doit faire progresser les choses peu à peu sur ce qui nous paraît essentiel. En revanche, on doit faire avancer toutes ces idées tout en restant dans le pacte républicain. La Constitution peut modifier un certain nombre de textes et pas seulement sur la Corse, afin de donner plus de pouvoirs et de souffle démocratiques aux territoires. Aujourd’hui, il faut être réaliste, je connais les objectifs du gouvernement actuel, c’est très difficile de les faire bouger. Quant à la Droite, j’essayerai, à mon niveau, de changer les choses. Pour l’heure, concernant la langue, on doit faire en sorte qu’elle devienne un enjeu partagé par tous et non de discordes politiciennes, un enjeu de rassemblement des Corses derrière leur identité. Il ne faut pas faire de faux débats et de fausses divisions sur un thème d’une telle importance.

Sur le plan national, l’UMP n’est pas au mieux entre le conflit Copé-Fillon pour la présidence de l’UMP en novembre dernier et la décision du Conseil Constitutionnel concernant la campagne de Nicolas Sarkozy. Une période difficile ?

Ce n’est assurément pas une belle année pour l’UMP. Nous avons perdu la présidence de la République, les législatives, avons raté notre élection interne et le Conseil Constitutionnel vient de refuser le remboursement de la campagne, ce qui occasionne une perte de 11 millions d’euro pour le Parti. Il va falloir travailler d’arrache-pied pour reconstruire une famille politique qui n’est pas au mieux et doit se replonger dans le coeur du problème, c’est-à-dire les attentes des Français. Ceci étant, chaque fois que nous avons eu des élections partielles, les candidats de l’UMP s’en sont plutôt bien sortis. Il faudra être patient. L’échec de l’actuel gouvernement, outre le fait que l’on ne puisse pas s’en satisfaire car la situation est grave pour notre pays, nous amène à proposer une alternative aux Français et cela commencera, dès l’an prochain, avec des hommes et des femmes qui se rendront sur le terrain, parler aux Français des problèmes qu’ils rencontrent. Ensuite, nous aurons des élections départementales et régionales. Et en 2016-2017, nous devrons choisir celui qui sera le mieux placé pour représenter l’UMP lors de la présidentielle. Le moment venu, nous serons prêts. Nicolas Sarkozy reviendra-t-il sur la scène politique ? L’expérience politique m’a appris que l’on ne peut pas parler à quatre ans d’une échéance. Il faut rester humble. Les Français auront leur réponse le moment venu. Je n’ai, pour l’heure, aucune idée arrêtée sur la question. Je vais me battre, pour ma part, derrière celui qui sera le mieux placé pour défendre ces idées.

Les Municipales se profilent. On vous annonce candidat en tête d’une liste d’union.

Je serai certainement présent mais je n’ai pas encore décidé de mon rôle. Je m’adresserai, en septembre prochain, aux Ajacciens car c’est une décision importante à prendre, tant pour la famille politique que je représente que pour la ville d’Ajaccio. Ce n’est pas quelque chose qui s’improvise. Je ne veux pas être dans l’agitation mais dans la réflexion et la proposition. Je m’exprimerai donc à la rentrée, avec un objectif : rassembler les Ajacciens et les Ajacciennes pour l’alternance. J’estime, en effet, que la ville a besoin d’une autre politique. L’équipe sortante, en place depuis 13 ans, va solliciter un nouveau mandat, cela fera alors 19 ans. C’est long ! Je dis sincèrement à ceux qui veulent un changement à Ajaccio que c’est un gros morceau de s’attaquer à la municipalité sortante. Celui qui portera les couleurs de notre famille politique, devra avoir à coeur de se battre et de faire preuve d’humilité.

Dans l’éventualité où vous seriez candidat, ne sera-t-il pas délicat de mener de front, la bataille électorale des municipales et votre rôle de Parlementaire ?

C’est bien pour cela que je n’ai pas encore arrêté ma décision. Je respecte trop mes responsabilités pour, aujourd’hui, partir à l’abordage. Je pense que tout cumuler n’est pas une bonne chose mais je ne serai pas dans un cumul intensif. J’essaierai d’être le plus efficace possible à la place qui me revient. Je n’irai jamais à un combat que je sais ne pas pouvoir mener.

Vos priorités pour l’année à venir ?

Faire en sorte que ma famille politique reprenne des couleurs, proposer le meilleur des visages et continuer de faire entendre la voix de la Corse à l’Assemblée Nationale. Le mandat a, je pense, bien débuté, il faut continuer à être proche des gens comme je me suis efforcé de l’être durant l’année écoulée.

Terminons sur une note positive. La belle saison du football corse et le 100e tour de France qui est passé par l’île. Qu’en pense le passionné de sport que vous êtes ?

J’ai un pincement au coeur pour la relégation du GFCA. Je suis, naturellement, très heureux pour l’ACA. Le CAB a réalisé un exploit authentique qui fera date dans l’histoire du sport corse. Enfin, le Sporting a fait une saison convenable pour son retour au sein de l’élite. Le football corse a donné une belle image et je suis impatient pour la saison à venir. Le Tour de France ? C’est une compétition qui a permis de montrer que nous étions capables d’organiser des événements de premiers plans et à plus d’un milliard de personnes, de voir l’un des plus beaux endroits du monde. J’espère que le Tour reviendra.

Des vacances ?

Pas encore ! Nous sommes en session extraordinaire du Parlement, nous allons donc nous réunir encore d’ici la fin juillet pour voter un certain nombre de textes importants. Et j’ai, au niveau local, achevé, la semaine dernière, la tournée des 49 communes de ma circonscription. Les vacances, ce sera certainement pour le mois d’août.

Interview réalisée par Joseph Albertini

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