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Sirènes d’alarme

vendredi 18 février 2011, par Journal de la Corse

Marins cgt en greve

Corse et Marseille. Une vieille histoire. Une histoire maritime à l’aube des temps historiques. Les Phocéens fuyant les Perses, débarquent sur la côte Est de l’île et fondent Alalia. Puis, battus par les Etrusques au large de celle-ci ils partent au Nord et fondent Marseille. Hérodote l’a dit et les noms le soutiennent : Alalia, Massalia. Très vieille liaison maritime donc. Avec les échanges, avec le commerce (c’est la même chose) naît la civilisation. En ce temps-là….

Depuis lors, avec le commerce se sont entremêlés et succédés en même temps ou par à coups, protections et affrontements, protectionnisme et impérialisme, paix et guerre. Le summum fut atteint dans les deux derniers siècles. Faut-il rappeler le Blocus continental et les campagnes napoléoniennes. Le monde se couvre de murs et de barrières, douanières et frontalières. Bref, tout cela rime avec naguère. Car aujourd’hui, la paix règne en Europe depuis soixante ans, les barrières ont été abaissées, les murs démolis, celui de l’Atlantique par la force, celui de Berlin par la sagesse. Les démocraties proclament la liberté et les peuples soumis aux tyrannies semblent actuellement la vouloir aussi. Et parmi les libertés celle de la circulation est fondamentale. A telle enseigne que, ces jours-ci, la seule perspective de voir bloquer le canal de Suez a aussitôt déclenché des sirènes d’alarme. Mais direz-vous, vous ne nous apprenez rien ! Et puis c’est loin tout ça ! Voire. Car notre canal de Suez à nous c’est la ligne Marseille-Corse-Marseille. Notre canal de la continuité territoriale. Cette continuité pour une île n’est pas seulement la continuité du territoire français, par-dessus la mer, elle est aussi celle de l’économie. Une économie ne peut pas se maintenir et se développer avec des grèves paralysantes, avec des à coups, des hauts et des bas comme les montagnes russes. La continuité est absolument indispensable à tout développement économique et social, non seulement dans l’espace mais aussi dans le temps. Faute de quoi la clientèle touristique et marchande s’éloigne. C’est ici que la Corse et Marseille se rejoignent dans un destin commun. Car Marseille, est victime de son port comme la Corse en est victime elle aussi. C’est la Cour des Comptes qui vient de tirer la sonnette d’alarme. Le port de Marseille, en quelques années a dégringolé de son sommet européen. Et la Corse est liée à la ville de Marseille. Le port marseillais, dit la Cour des Comptes ne cesse de perdre des parts de marché et, ajoute-t-elle, « l’un des facteurs essentiels, sinon le principal, de ce déclin, tient à la fiabilité insuffisante du port due à un climat social dégradé, avec une alternance de périodes de calme et de crise dans un contexte où un syndicat domine tous les autres. » La Cour des Comptes dénonce l’absence d’état de droit dans ce port…. Le leader de la CFDT, François Chérèque déclare : « Depuis la Libération, nous sommes dans un syndicalisme unique, où ce sont les syndicats qui font l’embauche, à savoir la CGT. Au moment où il faut faire évoluer vous avez un corporatisme qui met en difficulté les bassins économiques. » Et donc, bien sûr, le bassin économique de la Corse. La Cour des Comptes insiste, en conclusion, pour que « soient sanctionnées ces dérives accompagnées de violences. » Nul doute que ce rapport entraînera des réactions de l’Etat ainsi que des Chambres de commerce et d’industrie d’Ajaccio et de Bastia et de la Collectivité territoriale pour faire rétablir l’état de droit.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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