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Elections Cantonales

mardi 1er mars 2011, par Journal de la Corse

François Filoni

« Nous sommes une force politique d’avenir crédibilisée par son travail sur le terrain. Nous aurons, par conséquent, notre mot à dire dans cette élection. »

Opposant de toujours, le leader d’ « Ajaccio Energie » n’a pas la langue de bois quand il évoque les problèmes que rencontre la population ajaccienne. Fidèle aux principes qu’il défend, il présente les enjeux de ces élections cantonales dans le 5e canton.

Quels sont les enjeux de cette nouvelle campagne ?

C’est une campagne très importante dans la mesure où l’on note d’énormes carences dans tous les domaines. En terme de circulation, de culture, de sécurité ou de logement tout fait défaut. Mais elle se caractérise surtout par l’absence de perspectives de la part des autres candidatures ni de réelle politique mise en place par les prédécesseurs d’une manière générale. En outre, nul n’ignore que dans le quartier des Cannes, la tension monte et les derniers événements sont là pour l’attester. Et si l’on ne prend pas, à bras le corps, ces difficultés, on va au devant de gros problèmes, tout en favorisant la montée de l’extrême droite.

Quelles solutions proposerez-vous en cas d’élection ?

Nous voulons répondre aux attentes de la population du canton autour d’un projet global, solide et cohérent qu’il faut amener, construire, défendre et développer. Nous ne sommes pas là pour dire que nous apportons les solutions mais sans un projet cohérent, solide, prenant en compte les intérêts de la population, on va s’enfermer et favoriser de nouveau l’échec. Or, il faut partir d’un constat d’échec et avoir le courage de reconnaître ses erreurs. Dans le quartier des Cannes, nous sommes face au communautarisme. Que faire ? Proposer des espaces de vie, de rencontre, d’échange et de partage autour de la culture, du sport ou de la musique, qui vont favoriser les relations entre les différentes communautés du quartier. Nous avons le devoir d’accepter et de respecter ces communautés, eux ont le devoir de s’intégrer. Mais si l’on ne crée pas ces conditions, les problèmes s’accentueront. Au niveau de la circulation, il faut tout repenser. En septembre prochain, nous aurons l’ouverture d’une nouvelle grande surface et, dans la foulée, 500 logements sociaux suivront. Avec la rue Del Pellegrino qui est bouchée et polluante, la situation est alarmante. Il faut anticiper. On a fait étudier un projet par un ingénieur des Ponts et Chaussées. Ce projet évalué à 15 millions d’euros et nécessitant un an de travaux ouvrirait la Rocade à la Croix d’Alexandre et permettrait de résoudre 40% des problèmes de circulation. Par ailleurs, nous avons, avec la Spusata, a Mandarina, le futur bastion HLM, les Salines et Petra di mare, toute une concentration de population difficile que l’on additionne et que l’on empile. Si on ne fait rien, nous aurons, d’ici quinze ans, l’équivalent des quartiers Nord de Marseille. Il faut avoir le courage, pourquoi pas, de faire un geste fort et de créer des HLM sur la route des Sanguinaires. Pour une réelle mixité sociale, le « vivre ensemble », n’est pas une utopie, et passe peut-être par là.

Vous semblez condamner les politiques mises en place par les différents conseillers généraux.

Ce ne sont justement pas des politiques mais, au contraire, une absence de projet politique. Les élus se sont laissés enfermer d’eux même au Conseil Général sans prendre en compte cette notion primordiale, d’intérêt général. Et, où est l’intérêt général quand, par exemple, les conseillers généraux votent à l’unanimité la fin de la gratuité pour le ramassage scolaire ? Si on veut tuer l’intérieur et favoriser justement sa désertification, on ne peut pas mieux faire. Le conseiller général est, à mon sens, un homme de terrain qui va au devant du citoyen et se doit d’avoir un rôle politique important. Il se saisit des informations, des demandes de la population et en informe, ensuite, les collectivités. Mais il a, aussi, ce devoir de faire reprendre conscience des problèmes rencontrés dans le canton, par exemple au niveau de la pollution. Aujourd’hui, il s’est laissé prendre dans un engrenage où il perd complètement sa légitimité.

Qui favoriseriez-vous, éventuellement, lors du second tour ?

Il est clair que ce ne sera pas l’UMP. On demandera un accord politique aux autres candidats en lice. « Ajaccio Energie » ne peut pas être uniquement un « porteur d’eau ». Il faudra forcément, à un moment donné, une réciprocité partant sur la base d’un projet commun. Si nous ne trouvons pas de terrain d’entente, on fera comme nous l’avons fait bien souvent auparavant ; nous nous abstiendrons. Je pense, sans fausse modestie, que, de par le travail effectué depuis toutes ces années, nous représentons, peu à peu, une force politique d’avenir. On défend, on dénonce, on propose depuis déjà longtemps. On se bat depuis des années à visage ouvert et l’on ne s’est pas fait que des amis. Mais c’est notre idéologie et cela nous rend plus crédibles. Nous aurons, par conséquent, notre mot à dire dans cette élection.

Pourquoi cette étiquette écologiste ?Est-ce une manière de vous opposer, d’une manière générale, aux idées de la gauche dite « traditionnelle » ?

Il faut savoir que l’on progresse toujours. Ceci étant, mes idées restent, bien entendu, à gauche même si je ne me reconnais plus totalement dans celles d’aujourd’hui. Quant à l’écologie, elle va de pair avec l’aspect social d’une manière philosophique. Un proverbe indien dit : « Ce ne sont pas nos parents qui nous ont donné la terre, ce sont nos enfants qui nous l’ont prêtée. »Aujourd’hui, nous avons un devoir vis-à-vis d’eux. Et il est vrai, par rapport au passé, que nous avons beaucoup plus d’informations dans le domaine de la pollution et, plus généralement, de l’écologie. Il est de notre devoir de préserver l’environnement, de surcroît ici, en Corse.

Vous êtes considéré, depuis toutes ces années, comme l’opposant de la première heure. Nous souhaiteriez-vous pas une reconnaissance par les urnes de votre combat ?

Je ne cherche pas de reconnaissance personnelle. Aujourd’hui, notre travail est reconnu, c’est une certitude et cela me paraît suffisant. Quand on prend le chemin étroit de la droiture, il est forcément parsemé d’embuches. Notre fierté, c’est que la quasi totalité des membres d’ « Ajaccio Energie » sont toujours là aujourd’hui. Depuis toutes ces années, notre combat a toujours été le même sans chercher ni gloire ni intérêts personnels. Si ce combat se traduit, un jour, par les urnes, ce ne sera que pour mieux répondre aux attentes de la population, poursuivre cette lutte que je mène depuis tout ce temps.

Pourquoi vous présentez-vous dans le 5e canton ?

Parce que c’est celui qui me semble le plus touché par la crise. Je me sens attiré par l’urgence et les gens qui sont dans la nécessité. Au niveau de l’habitat, des sociétés privées ont remplacé les Offices Départementales. Il y a, aujourd’hui, tout et n’importe quoi. On cautionne, on ferme les yeux et on fait bénéficier des gens qui n’ont pas droit au détriment de familles dans le besoin. Où est l’éthique dans tout ça ? J’ai le courage de dire que des personnes aux revenus importants ont accès au logement social. Il y a des logements réservés, loués et même sous loués. On peut remédier à cela par la création d’une commission spécialisée.

Comment vous situez-vous par rapport aux autres candidats en lice ?

On ne rentre pas dans le particularisme en disant : « on a fait ça, on va faire ça, etc... ». On veut répondre, d’une manière concrète, aux attentes des gens sans faire de la « pulitichella » ni de saupoudrage. On n’est pas là pour proposer un RMI, un RSA ou une place mais des solutions aux problèmes de la population.

Interview réalisée par Philippe Peraut

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