Tandis que les clandestins continuent leur campagne absurde de plasticages de maisons particulières, la Corse fourmille d’immenses chantiers qui ont une particularité : les promoteurs continentaux se « couvrent » en s’abritant derrière des hommes de paille insulaire ce qui leur confère un droit de construire où ils veulent quand ils veulent.
Le plasticage des maisons particulières
À vrai dire on ne sait plus trop à quoi servent les plasticages de maisons particulières sinon à donner un semblant d’identité à une clandestinité en perte de vitesse et parfois, à couvrir des opérations de racket elles-mêmes camouflées sous des couvertures de gardiennage. Telle est la triste réalité de ces explosions qui, bien entendu, ne feront jamais reculer une spéculation qui vole à des années lumière au-dessus des biens appartenant à de malheureux continentaux ou étrangers. Et quitte à me répéter, je trouve invraisemblable qu’on est fini par s’habituer à ces destructions cruelles jamais expliquées et jamais justifiées tout simplement parce que cela ne peut l’être. Les organisations clandestines ou les supposés clandestins se contentent donc d’envoyer un communiqué : « plasticage maison un tel, contre la spéculation immobilière » ou mieux encore « plasticage maison un tel, libération des prisonniers » sans qu’on voie très bien en quoi l’action nocturne aura une quelconque conséquence sur le transfert des prisonniers. Allons même plus loin : jamais la spéculation immobilière n’a été aussi vive. C’est dire l’utilité de ces bombinettes.
Les plasticages contre les campagnes légales
Les seuls vrais résultats engrangés depuis des années en matière de lutte contre la spéculation immobilière ont été ceux remportés en toute légalité devant les tribunaux que ce soient par ABCDE, le Poulpe ou u Livante. ABCDE a marqué un point décisif en faisant reculer les promoteurs qui s’étaient lancés dans la construction des maisons Séguéla et Sulitzer. Paradoxalement, on remarquera également que l’action la plus probante des nationalistes en matière de lutte contre la promotion immobilière a été l’occupation momentanée de la demeure de Christian Clavier à Cala purcina, une opération menée à visage découvert et en toute tranquillité et relayé par le journaliste Enrico Porsia, hélas bien seul de sa profession à faire son travail de reporter. Or si les plasticages confortent la politique sécuritaire du président Sarkozy et les justices d’exception, ce type de mobilisation sème la confusion parmi les hommes du pouvoir. L’efficacité est donc du côté de la légalité et non de la clandestinité n’en déplaise à ceux qui ont « fait » Anghione risquant ainsi de mettre à mal la campagne menée par les militants opposés à la rentabilisation outrancière de ce site.
Les hommes de paille
À l’inverse, sociétés d’assurances, banques et promoteurs en tous genres se sont abattus sur la Corse comme un vol de sauterelles. Mais ils ont compris la leçon des années passées : pour pouvoir spéculer en paix il faut se cacher derrière des hommes de paille indigènes. C’est vrai sur la rive sud d’Ajaccio où des centaines d’hectares ont été achetés et des dizaines sont en train d’être bâtis à des fins purement spéculatives. C’est vrai dans la région de Porto Vecchio où une société continentale doit s’attaquer à un gigantesque centre d’habitation avec le soutien actif du maire de Conca, François Mosconi derrière qui s’abrite Jacques Cassandri l’homme qui s’est récemment vanté d’être le seul véritable auteur du casse de Nice et quelques hommes d’affaires marseillais parmi lesquels le promoteur marseillais Paul Blanchfield. Le président de la CCM (élu avec les voix de droite contre un candidat du Front de gauche) aurait fait jouer ses appuis élyséens, lui qui appartient en apparence à la majorité de gauche en Corse, pour faire aboutir un projet pharaonesque, le Run River (un nom tellement corse). Cette réalisation (185 résidences privées secondaires, un spa, une piscine) ne va pas dans le sens exactement dans le sens d’une démocratisation de l’habitat pour les malheureux indigènes. Mais qu’importe ! Le paravent est corse. La société qui, en Corse, arrange les affaires de ces affairistes phocéens est tout un programme : « Campemu à l’usu corsu ». Nous vivons selon la culture corse, un attachement à cette culture qui explique vraisemblablement le nom de Run River. Le Canard Enchaîné qui relate l’affaire donne des précisions intéressantes sur l’éventuelle rétribution de l’élu, ses contacts sarkozystes au plus haut niveau, autant de détails qui, s’ils sont exacts, demandent une explication, pour le moins. Comment se fait-il qu’un personnage pareil appartienne à une majorité où se côtoient communistes, socialistes et radicaux de gauche ? Est-il exact que le même François Mosconi s’apprêterait à soutenir Camille de Rocca Serra lors des prochaines cantonales avec l’aval du président Giacobbi renforçant ainsi la réalité clanique du sud de l’île ? Si telle est la vérité (et il ne tiens qu’à M. Mosconi de démenti l’article du Canard Enchaîné) cela en dit long sur les manœuvres habituelles destinés à conserver une part du fromage corse quitte à sacrifier les grands principes. Et ce serait dommage car les élus ne doivent pas se faire d’illusions : le monde change autour de nous et ils vont devoir s’adapter. La vague qui frappe le monde arabe n’est pas si lointaine que cela.
Gabriel Xavier Culioli