UNE INQUIÉTANTE CONTINUITÉ Faisant fi de grands principes et de grands sentiments, de riches promesses et de fines stratégies, la violence persiste et signe. Voilà quarante ans qu’elle égrène son chapelet d’attentats en tous genres, de crimes et de délits qui alourdissent chaque année davantage les bilans, étalés, aux rentrées solennelles des cours de justice, par des magistrats en hermine qui font serment de les alléger. Cette violence s’incruste dans la société corse comme une verrue que l’on ne prendrait même plus la peine d’éradiquer, la considérant presque comme un mal nécessaire. Quelquefois, cependant, une action clandestine, plus forte que les autres mais infiniment moins justifiée, trouble la conscience collective. Mais le citoyen continue quand même de vaquer à ses occupations, estimant, sans doute, qu’il ne peut exprimer son indignation, voire sa colère, à tout bout de champ. Pendant ce temps, le gouvernement tente, par des moyens divers, de désamorcer les bombes. Mais croit-il vraiment qu’en effaçant, par exemple, la dette des agriculteurs, les campagnes ne retentiront plus du fracas de la dynamite ? Espère-t-il qu’en accordant quelque crédit à des clandestins en mal de reconnaissance, il obtiendra la promesse d’une trêve à long terme ? Espoir perdu. La violence n’est pas près de s’éteindre. Même si une écrasante majorité de Corses la rejette. Puisque la minorité qui la pratique, à moins de s’engager dans de sanglantes escalades, est pratiquement assurée de l’impunité. Sauf lorsqu’il lui arrive de se prendre les pieds dans le tapis de ses inconséquences. Elle pourra donc garder le cap car ce n’est pas demain, hélas, que surviendra un irréversible phénomène de rejet. A partir duquel cette minorité, dite agissante, n’aura plus la possibilité d’agir. Â