BAGATELLES POUR UN MASSACRE Ce n’est pas d’hier que la Corse vit dangereusement. Son histoire est pleine de sang et de douleur. Elle a vécu tant de guerres, de luttes intestines, de dissensions dramatiques et de vengeances récurrentes. Elle a été, tant de fois, traînée devant de sinistres inquisiteurs, écartelée, ravagée, détruite sans espoir de reconstruction, qu’on se demande comment elle a pu survivre. Aujourd’hui encore la violence persiste malgré les appels à la paix qui fusent de tous bords. Elle égrène, pour après jour, ses funestes effets. Tantôt elle prend une coloration politique, tantôt un caractère relevant du droit commun. On ne compte plus les attentats à l’explosif et les assassinats sur fond de règlement de comptes. Faut-il aussi rappeler aussi, celle qui fauche, en pleine jeunesse des hommes et des femmes, victimes de la route qu’ils n’ont pas su maîtriser. Doit-on mentionner enfin les violences verbales ? Là encore la Corse monte sur la plus haute marche du podium. C’est le pays où il semble impossible de mettre un bémol au discours ou l’interjection est la règle, où le cri écrase le murmure, où la voix est presque toujours tonitruante. Bagatelles, dira-t-on. Oui mais «  Bagatelles pour un massacre  », comme le titre d’un livre de Céline qui en massacres s’y connaissait. Reste maintenant à savoir quand la Corse sera totalement massacrée. Â