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Faits d’aujourd’hui

jeudi 7 octobre 2010, par Journal de la Corse

Pietrasanta VIENI ! VIENI ! VIENI ! Fin de la période estivale. Présentation par la présidente de l’Agence du Tourisme de la Corse de ses orientations et objectifs pour la durée de sa mandature. Expression claire, éloignée des mots creux et ronflants de la langue de bois. Pas de polémiques ni attaques personnelles. Le charme et l’intelligence de Vannina Pieri appellent la sympathie. C’est un départ de carrière politique d’une représentante de la jeune génération en faveur de laquelle on ne peut que former des vœux sincères de réussite pour elle-même et pour la Corse. Elle tient, nous dit-elle, surtout à développer un tourisme « identitaire » « permettant de consommer et vendre ce que nous produisons ». Et elle ajoute : « La notion de tourisme identitaire rejoint l’idée d’étalement de la saison car on ne déguste pas les produits du terroir en juillet-août ». L’étalement de la saison au-delà du cœur de l’été n’est pas une mince affaire. Ce fut le préfet Marcel Savreux qui lança la campagne du « Printemps corse » il y a 50 ans. Sans aucun succès. La présidente de l’ATC qui connaît ses dossiers n’ignore pas les difficultés qui l’attendent. Cependant, le temps est tout dans la vie des hommes. Et la crise actuelle ne fait qu’activer l’urgence des solutions. Nous nous en voudrions de penser que la présidente de l’Agence du tourisme ait pu laisser échapper des mots sans signification lorsqu’elle déclare « La Corse n’a besoin ni d’un tourisme de luxe, ni d’un tourisme de masse ». Ces mots nous chagrinent et nous ne comprenons pas la cohérence des ces paroles dans la bouche d’une dirigeante du parti social-démocrate de Simon Renucci, député-maire d’Ajaccio. Nous sommes chagrinés par cet ostracisme d’abord par rapport au tourisme de masse, car il nous semble méprisant et injuste pour les gens modestes qui viennent admirer les beautés de la Corse avec un budget passablement restreint. L’identité de la Corse c’est aussi sa légendaire hospitalité, surtout pour les plus pauvres. L’ostracisme du tourisme de luxe ne nous paraît guère justifié non plus. D’abord, abondance de biens ne nuit pas. N’oublions pas qu’Ajaccio a pu se développer au siècle dernier avec les grands hôtels créés par des investisseurs suisses, et la fréquentation d’une clientèle de luxe. C’est ainsi que l’hôtel, aujourd’hui siège de la Collectivité Territoriale, avait accueilli l’Empereur d’Autriche et « Sissi » l’impératrice, venus en tourisme hivernal. C’était le temps où Ajaccio était une station climatique fréquentée par des célébrités mondiales à l’égal de Cannes ou de Nice. Ce temps n’est plus pour Ajaccio. Mais Cannes et Nice viennent d’inaugurer en fanfare, la SNCF aidant, une liaison ferroviaire avec Moscou de type Orient-Express, avec de luxueux wagons. Certes, il n’est pas possible de venir en Corse par ce moyen de locomotion. Mais Ajaccio, maire en tête, est loin de dédaigner l’arrivée des paquebots de croisière et fait honneur à ses passagers. Nous ne comprenons plus la cohérence du dédain pour le tourisme de luxe avec l’entreprise de rénovation et d’agrandissement du port de plaisance « Tino Rossi », celui-ci n’appartient-il pas à la Collectivité Territoriale ? Or ce port se donne justement pour objectif l’allongement de la saison touristique sur les mois de juin et de septembre. Les escales des croisiéristes et des plaisanciers ont affiché, en 2010, une progression remarquable. Des yachts prestigieux comme le « Christina » ancienne propriété d’Onassis, y ont jeté l’ancre. La grande plaisance conforte le développement économique d’Ajaccio. La rénovation de l’escale plaisancière entraînera des retombées significatives pour l’économie de la ville. La présidente de l’ATC serait-elle tombée dans un piège idéologique ? L’ATC comme le port « Tino Rossi » ne pourraient-ils avoir un message commun ? Celui de la chanson « Vieni !Vieni !Vieni ! » adressée aux touristes quels qu’ils soient. Marc’Aureliu Pietrasanta.

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