L’éditorial d’Aimé Pietri : DU RACISME A LA XÉNOPHOBIE Les Corses sont-ils racistes ? En majorité ils ne le sont pas et ils ont montré en maintes circonstances  qu’ils avaient de la fraternité, de la solidarité, de la tolérance une idée bien précise et si ces valeurs n’ont plus tellement cours aujourd’hui, elles n’ont pas encore tout à fait disparu. Il n’empêche que chaque Corse semble cultiver en lui même un brin de xénophobie. Les maghrébins s’en rendent compte aujourd’hui. Les immigrés italiens, en ont fait les fais hier. Fuyant la misère de leur pays ils vinrent en Corse y chercher les moyens de survivre. Ils furent accueillis sans haine mais aussi sans respect ni considération. Traités en êtres inférieurs ils durent subir de multiples vexations. Quant aux continentaux «  I Pinzuti  » ils cherchent en vain, depuis deux siècles, une parfaite intégration. «  Senza tante pataracchje simu Corsi et più Francesi  » chantaient les autonomistes des années 30, avant que leurs successeurs ne fassent fleurir sur les murs le fameux « I F F  » perpétuant ainsi un certain phénomène de rejet. Les Corses eux mêmes deviennent quelquefois xénophobes d’une région à l’autre. Un «  pumuntincu  » venant s’installer en «  Cismonte  » n’y est pas toujours accueilli les bras ouverts. Ce «  ghjunghjiticciu  » (nouveau venu) est souvent considéré comme un intrus et il lui faudra des années pour faire disparaître la méfiance qu’il suscite. Le même état d’esprit se vérifie, il est vrai,  dans toutes les îles de la Méditerranée.  Et ceci pourra, à la rigueur, nous consoler de cela. Â