Leur monde à eux Récemment Xavier Bertrand se demandait : « Dans quel monde vivons-nous ?  ». La réponse me paraît simple et cruelle : dans le vôtre monsieur, tout simplement dans le vôtre, un monde pourri par l’argent, oublieux de ses devoirs envers les plus démunis et doux aux fortunés et aux coquins qu’ils soient de gauche ou de droite. La France au pilori La presse étrangère ne se gêne pas pour moquer la France qui, à l’image de son équipe de football, engrange les erreurs d’attitude et les fautes de goà »t. Nicolas Sarkozy peut raconter ce qu’il veut : il récolte ce qu’il a semé. Il devait être le président de tous les Français. Il n’est plus que le représentant médiocre d’une nouvelle aristocratie composée de parvenus et de friqués. Oublié le président du pouvoir d’achat et le porte-parole de ceux qui se lèvent tôt pour gagner plus. Il enchaîne les mensonges et donne le mauvais exemple à ses courtisans qui le singent en le caricaturant. Mais surtout, il a, avec l’affaire Woerth-Bettencourt le condensé de sa minuscule pensée politique. C’est l’alliance du fric et du frac, le mélange des copains et des coquins. Le ministre Woerth est présumé innocent. C’est vrai et il faut respecter cela. Mais il est tout aussi exact que lorsqu’il était ministre du budget il était également le trésorier du parti majoritaire et qu’à ce titre il a démarché des hommes et des femmes que l’indécence de la fortune pousse à échapper à l’impôt national. L’UMP a donc en partie financé sa campagne grâce à de l’argent volé au fisc français. Il est tout aussi vrai que l’épouse du ministre travaillait à ce que la femme la plus riche de France échappe au maximum à l’impôt quand son mari prétendait protéger le trésor français. Il est enfin indéniable que Liliane Bettencourt, cette femme qui avait « égaré  » 68 millions d’euros en Suisse, qui avait « oublié  » de déclarer la possession d’une île pour milliardaire (500 millions d’euros) et qui, enfin a fait don d’un milliard d’euros à son protégé, cette femme donc a bénéficié d’un retour de bouclier fiscal de 38 millions d’euros. Alors oui, il faut le hurler : nous n’avons vraiment pas les mêmes valeurs que ces gens-là et cette France-là mérite le pilori. La faute aux médias On ne peut tout à la fois stigmatiser la presse pour son « lèchebottisme  » et se plaindre lorsqu’elle révèle des affaires qui sans elle, seraient étouffées. Le président dénonce des « officines  » lui qui trempe dans ce monde depuis sa tendre enfance. Le site Mediapart a fait son travail de journaliste. Car le coupable n’est pas celui qui dénonce mais celui qui commet le crime. Et comment ne pas craindre la dangereuse proximité du procureur de Nanterre et du président de la République ? Peut-on réellement espérer qu’une telle justice agira si elle n’est pas aiguillonnée par les révélations médiatiques ? Car là se niche le véritable scandale : la presse française est dépendante en grande partie des marchands de canons ou de multinationales qui ont toutes à voir avec le patron de l’Élysée. Dans un pareil contexte la presse a donc eu raison d’agir comme elle l’a fait comme hier elle avait raison de dénoncer les affaires de la gauche. Heureusement qu’il existe ce contre-pouvoir sans lequel nos princes se vautreraient dans la débauche sans même que nous soyons au courant. C’est ainsi qu’on fabrique des dictatures car il arrive un moment où les sans-grades en ont assez de payer les turpitudes de ceux qui sont censés les représenter. Les premières révélations de l’affaire Woerth furent d’ailleurs le fait des « serviteurs  ». Juste revanche sociale ! Et vive la Corse, nom de Dieu Et dire que c’était ceux-là , tous ceux-là qui confondus dans une même haine nous avaient cloués sur la croix après l’assassinat du préfet Erignac. Car, à bien y regarder, leurs égouts sont franchement plus dégueulasses que les nôtres. Non que nous soyons meilleurs. Mais une société de proximité oblige à plus de décence qu’une société dans laquelle le nombre laisse espérer l’impunité. Ils se gavent avec à la bouche le service public, le bien-être du peuple. Et chacune de leurs actions honteuses aide le Front national à grossir. Comment croire à ce monde où la démocratie n’a de valeur que lorsqu’elle sert la soupe aux puissants ? N’a-t-on pas entendu au détour de la cassation dans le procès Colonna les deux ministres les plus importants de la République se désoler de la décision de justice tandis que l’association des préfets leur emboîtait le pas au mépris de la présomption d’innocence ? Alors ce monde-là c’est bien le leur et il faudrait qu’un jour, il leur soit signifié qu’on le leur laisse. Il y a mieux à faire qu’à supporter ces parasites inutiles. Tout est à refaire mais sans eux. Le ministre Woerth est le prochain fusible. Mais il n’est qu’un pion sur cet échiquier de l’impudence. Ce sont le roi et la reine qu’il faut mettre en échec. Et il faut le faire vite pour sauver la démocratie dont ils sont les démolisseurs. GXC Â