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CHRONIQUE

jeudi 15 juillet 2010, par Journal de la Corse

 Leur monde àeux Récemment Xavier Bertrand se demandait : « Dans quel monde vivons-nous ?  ». La réponse me paraît simple et cruelle : dans le vôtre monsieur, tout simplement dans le vôtre, un monde pourri par l’argent, oublieux de ses devoirs envers les plus démunis et doux aux fortunés et aux coquins qu’ils soient de gauche ou de droite. La France au pilori La presse étrangère ne se gêne pas pour moquer la France qui, àl’image de son équipe de football, engrange les erreurs d’attitude et les fautes de goà»t. Nicolas Sarkozy peut raconter ce qu’il veut : il récolte ce qu’il a semé. Il était le président des tocantes et des tocards. Désormais il prend des coquards. Il avait promis d’être le président du pouvoir d’achat et le fidèle porte-parole de ceux qui se lèvent tôt pour gagner plus. Il enchaîne les mensonges et donne le mauvais exemple àses courtisans qui le singent en le caricaturant. Mais surtout, il a, avec l’affaire Woerth-Bettencourt le condensé de sa minuscule pensée politique. C’est l’alliance du fric et du frac, le mélange des copains et des coquins. Le ministre Woerth est présumé innocent. C’est vrai et il faut respecter cela. Mais il est tout aussi exact que lorsqu’il était ministre du budget il était également le trésorier du parti majoritaire et qu’àce titre il a démarché des hommes et des femmes que l’indécence de la fortune pousse àéchapper àl’impôt national. L’UMP a donc en partie financé sa campagne grâce àde l’argent volé au fisc français. Il est tout aussi vrai que l’épouse du ministre travaillait àce que la femme la plus riche de France échappe au maximum àl’impôt quand son mari prétendait protéger le trésor français. Il est enfin indéniable que Liliane Bettencourt, cette femme qui avait « Ã©garé  » 68 millions d’euros en Suisse, qui avait « oublié  » de déclarer la possession d’une île pour milliardaire et qui, enfin a fait don d’un milliard d’euros àun protégé, cette femme donc a bénéficié d’un retour de bouclier fiscal de 38 millions d’euros. Alors oui, il faut le gueuler : nous n’avons vraiment pas les mêmes valeurs et cette France-làmérite le pilori. La faute aux médias On ne peut tout àla fois stigmatiser la presse pour son « lèchebottisme  » et se plaindre lorsqu’elle révèle des affaires qui sans elle serait étouffées. Le site qui a révélé les écoutes clandestines pratiquées chez Liliane Bettencourt s’est assurément servi d’un moyen assez peu ragoà»tant et pour tout dire condamnable. Mais comment ne pas craindre la dangereuse proximité du procureur de Nanterre et du président de la République ? Peut-on réellement espérer qu’une telle justice agira si elle n’est pas aiguillonnée par les révélations médiatiques. Car làse niche le véritable scandale : La presse française est dépendante en grande partie des marchands de canons ou de multinationales qui ont toutes àvoir avec le patron de l’Élysée. Dans un pareil contexte la presse a donc eu raison d’agir comme elle l’a fait. Et il fait beau voir un Estrosi ou un Lefebvre, deux anciens sympathisants de l’extrême-droite accuser les médias d’entretenir une ambiance fasciste… ou trotskiste (sic). Mais en l’occurrence la droite ne fait qu’utiliser les arguments que François Mitterrand brandit contre les journalistes après le suicide de Pierre Bérégovoy. Les puissants n’aiment guère qu’on révèle leurs turpitudes. Et notre nouvelle aristocratie qu’elle soit rose ou bleu horizon partage une pareille timidité. Et vive la Corse, nom de Dieu Et dire que c’était ceux-là, tous ceux-làqui confondus dans une même haine nous avaient cloués sur la croix après l’assassinat du préfet Erignac. Car, àbien y regarder, leurs égouts sont franchement plus dégueulasses que les nôtres. Non que nous soyons meilleurs. Mais une société de proximité oblige àplus de décence qu’une société dans laquelle le nombre laisse espérer l’impunité. Ils se gavent avec àla bouche le service public, le bien-être du peuple. Et chacune de leurs actions honteuses aide le Front national àgrossir. Comment croire àce monde où la démocratie n’a de valeur que lorsqu’elle sert la soupe aux puissants ? N’a-t-on pas entendu au détour de la cassation dans le procès Colonna les deux ministres les plus importants de la République se désoler de la décision de justice tandis que l’association des préfets leur emboîtait le pas au mépris de la présomption d’innocence ? Alors ce monde-làc’est bien le leur et il faudrait qu’un jour, il leur soit signifié qu’on le leur laisse. Il y a mieux àfaire qu’àsupporter ces parasites inutiles. Tout est àrefaire mais sans eux. GXC  

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