jeudi 22 mars 2012
La Collectivité territoriale de Corse souhaite revenir aux "fondamentaux" de la continuité territoriale dans le transport maritime avec le continent, au profit des passagers insulaires et du fret, a déclaré hier Paul Giacobbi, le président du conseil exécutif. La cour administrative d’appel de Marseille ayant jugé illégales les règles actuelles de la continuité territoriale, M. Giacobbi a annoncé que l’exécutif insulaire va "proposer à l’Assemblée de Corse de recourir à une délégation de service public (DSP) : au départ de Marseille en valorisant les fondamentaux de la continuité territoriale, à savoir le fret et les passagers insulaires". Une session de l’Assemblée sera consacrée, aujourd’hui et demain, à l’avenir du transport maritime. Elle examinera un rapport de l’exécutif prévoyant une capacité annuelle de transport de 410.000 passagers et de 1.600 mètres linéaires de fret avec des fréquences hebdomadaires de 23 rotations entre Marseille et les cinq ports corses. "Il est logique que la dotation de continuité territoriale versée par l’Etat soit utilisée en priorité par et pour les Corses", a dit M. Giacobbi lors d’une conférence de presse. Dans ces conditions et compte tenu de la décision de justice, la dotation dite de "service complémentaire" finançant les liaisons maritimes en période de pointe notamment l’été ne peut plus être financée par la CTC, a-t-il ajouté. Concernant l’avenir de la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM), opérateur historique appartenant au groupe Transdev Veolia (66%), à l’Etat (25%) et à son personnel (9%), il a souligné que "ce n’est pas la DSP qui est en cause mais la gestion calamiteuse de la compagnie qui prétend aujourd’hui que la CTC doit régler l’ardoise de son incurie". Evoquant une offre de la direction de la SNCM de vendre la compagnie pour un euro symbolique à la CTC, il a déclaré qu’une telle opération coûterait "à tout le moins" 50 millions d’euros de trésorerie, "une recapitalisation considérable pour compenser les pertes", "un coût de restructuration gigantesque" et "le risque de l’ordre de 200 millions" à rembourser au titre du service complémentaire "dont l’illégalité est aujourd’hui confirmée". M. Giacobbi a annoncé qu’il s’entretiendrait prochainement avec le président de Veolia et avec le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Il a enfin indiqué qu’il allait proposer à l’Assemblée de Corse la mise en place d’une commission pour examiner les conditions de création d’une compagnie régionale sous forme de société d’économie mixte, comme cela existe déjà pour les transports aérien et ferroviaire. Mais, a-t-il souligné, "cette solution ne saurait être l’habillage d’une socialisation indécente des pertes, d’autant que la privatisation de la SNCM a été celle de plus-values considérables et indues." La compagnie avait été privatisée en 2005 quand le gouvernement de droite de Dominique de Villepin avait entériné sa cession au groupe Butler et à Veolia pour 35 millions d’euros, alors que les actifs de la société étaient estimés à 280 M.