jeudi 7 juin 2012
Dix-huit militants nationalistes corses, la plupart âgés d’une vingtaine d’années, comparaissent depuis lundi matin devant la cour d’assises spéciale de Paris pour une dizaine d’attentats attribués par la justice à une "cellule jeunes" du FLNC-UC (Union des combattants). Paul Istria, 54 ans, qui comparaît aux côtés des jeunes gens, est soupçonné être la figure tutélaire de ce "canal gamin", selon les mots de son avocat, Me Pascal Garbarini, et le commanditaire des treize attentats visant des bâtiments publics, dont certains auraient pu être mortels, en 2007 et 2008.Parmi ces actions, un tir de roquette, le 15 septembre 2007, contre la caserne de CRS d’Aspretto, le mitraillage du tribunal d’Ajaccio le 20 février 2008, au cours duquel un projectile s’était fiché dans le portefeuille d’un CRS, ainsi qu’un attentat à la grenade contre la préfecture de région, le 20 décembre 2007. Paul Istria, dont le casier judiciaire est vierge, nie le rôle que veut lui attribuer l’accusation, a rappelé, en marge de l’audience, son avocat selon lequel les magistrats cherchent à "montrer que le mouvement nationaliste n’est pas si noble que ça et manipule des jeunes en déshérence". Me Garbarini déplore un manque de preuve, affirmant que le seul lien entre son client, militant de longue date, et les jeunes exécutants présumés, est un bar où ces derniers se retrouvaient et dont M. Istria est l’exploitant. Agés d’une vingtaine ou d’une petite trentaine d’années, la plupart des jeunes reconnaissent leur implication dans les attentats mais nient une intention homicide. Dix accusés comparaissent détenus. Parmi eux figure Christophe Giannesini, 40 ans, déjà condamné pour avoir déposé une plaque funéraire signée "FLNC" sur la tombe d’un militant tué par balles, en 2005, à la suite d’une dispute dans un village corse. Le FLNC-UC (Union des combattants) est la principale organisation indépendantiste clandestine corse. Les accusés devaient être vingt mais deux d’entre eux seront jugés lors d’une autre audience pour des raisons de santé. Istria et Giannesini avaient été interpellés le 7 juillet 2008 en Corse-du-Sud par des policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat). La veille, ils avaient participé à une réunion de plusieurs mouvements nationalistes, à Corte, dans le but de refonder le nationalisme corse. Le verdict de cette cour composée uniquement de magistrats professionnels est attendu le 6 juillet. Depuis hier, la cour d’assises qui évoquera dans les prochains jours la quinzaine d’attentats perpétrés entre 2007 et 2008 dans la région ajaccienne, la cour se consacre donc à l’interrogatoire de personnalité des différents accusés. Les magistrats professionnels s’intéressent désormais à la personne de Paul Istria, considéré par l’accusation comme le chef de la cellule.