L’Edito d’Aimé Pietri
La Corse est-elle le pays de la démesure ? On pourrait le croire à la vue d’exagérations dont la plupart font sourire. Ainsi les journaux insulaires, évoquant Ajaccio, n’hésitent pas à souligner que cette cité est « impériale » alors qu’aucun empereur n’y a élu domicile et que pour Napoléon elle n’a été qu’un lieu de naissance. Ainsi, définissant l’université Pascal Paoli certains ne se gênent pas pour affirmer qu’elle est « le phare de la Méditerranée » reléguant aux oubliettes celui d’Alexandrie même si cette merveille du monde avait été créée pour seulement guider les navires vers le port. Et d’autres n’hésitent pas à jurer, sans aucune preuve, que la Corse est la véritable patrie de Christophe Colomb, qu’elle a même abrité Sénèque dans une tour éponyme et que Jean-Jacques Rousseau ( qui n’y a jamais mis les pieds), avant même de prophétiser « qu’elle allait, un jour, étonner le monde », avait séjourné à Vescovato pour y dessiner l’amorce d’une constitution. On remarquera que sur le continent les « compatriotes » sont presque toujours éminents. On notera aussi que les richesses naturelles de l’île s’accumulent dans les essais de doctes (?) économistes, qu’elle recèle dans son sous-sol de précieux minéraux et que le pétrole ne demande qu’à jaillir au large de Biguglia. Quant aux beautés – naturelles elles aussi - on les résumera en un seul mot :»Kallisté », la plus belle, que les Grecs employaient pour désigner la Corse. On n’oubliera pas, enfin, que les Corses sont les plus intelligents, les plus valeureux et les plus fins stratèges politiques au point qu’on se demande pourquoi un « compatriote » n’a pas encore présidé au destin de la République française. Quant au J D C il affiche volontiers son titre de plus vieux journal d’Europe. Sans pour autant se hausser du col. Ce qui est un exploit.