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Les associations à l’heure du spleen

jeudi 28 février 2013, par Journal de la Corse

Le secteur associatif pâtit d’une conjonction entre la hausse des dépenses de toutes sortes qu’imposent ses engagements, et la stagnation voire la réduction des subventions.

La crise ne frappe pas que les entreprises, les collectivités locales et les particuliers. Confrontées à de graves difficultés financières, de nombreuses associations doivent réduire la voilure. Certaines sont même sous la menace de devoir mettre fin à leurs activités. La récente mise en liquidation judiciaire de l’une d’entre elles, Les Petits Débrouillards, n’ont fait que confirmer la gravité de la situation et accentuer le spleen du monde associatif insulaire. Après avoir permis, durant près de dix ans, à des milliers d’enfants et d’adolescents de se familiariser avec des applications scientifiques, Les Petits Débrouillards ont été contraints de licencier leur trois salariés et de renoncer. Les raisons de cette issue brutale sont connues : Les Petits Débrouillards n’ont pu réunir les sommes nécessaires à leur fonctionnement et plus particulièrement à la rémunération de leurs salariés. Cet épilogue risque de ne pas être unique dans les mois qui viennent. Le secteur associatif pâtit gravement d’une conjonction entre la hausse des dépenses de toutes sortes qu’imposent ses engagements, et la stagnation voire la réduction des financements que lui apportent, sous forme de subventions, l’Etat et/ou les collectivités territoriales. Bien entendu, les publics les plus défavorisés ou les plus fragiles risquent d’être les victimes de cette évolution car celle-ci ne peut que miner des actions, en cours ou futures, allant dans le sens du mieux vivre ensemble, de la solidarité et du partage du savoir. D’autant que les rôles nouveaux ou plus ambitieux que le gouvernement semble, par exemple, vouloir donner à l’école ou à la justice en matière de cohésion sociale, ne sauraient suffire à remplacer l’action associative.

Du pain et des jeux

On peut d’ailleurs s’étonner que la gauche semble ne s’inquiéter guère de la situation. En effet, alors que les grandes entreprises sont l’objet de toutes les attentions, pas un ministre n’a vraiment fait connaître sa préoccupation face à la fragilisation du secteur associatif qui pourtant représente des centaines de milliers de salariés. Tout se passe comme si, dans les ministères, on estimait que l’on puisse revenir à une action associative relevant essentiellement du bénévolat. Quant à la politique associative de nombre de collectivités territoriales insulaires, elle n’est pas de nature à mettre du baume au cœur de beaucoup d’acteurs associatifs. En effet, alors que des associations caritatives, solidaires, éducatives, culturelles ou civiques peinent à joindre les deux bouts, on peut se demander s’il est judicieux de privilégier le secteur sportif, en lui consacrant annuellement des centaines de milliers d’euros de subventions de fonctionnement et des millions d’euros d’investissement. Soutenir la fonction éducative du sport est louable, mais sombrer dans une logique « du pain et des jeux » l’est à mon sens beaucoup moins. Il est donc urgent d’agir pour que le tissu associatif insulaire conserve sa capacité d’action, en particulier à partir des compétences et de l’expérience de ses salariés. En effet, ses activités ne sauraient se contenter de l’investissement de bénévoles ou de personnels inexpérimentés ou temporaires relevant d’emplois provisoirement aidés ou de contrats à durée déterminée. Surtout si l’on considère que l’action associative doit le plus souvent gérer des conditions individuelles ou sociales particulièrement difficiles.

Alexandra Sereni

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