Législatives 2012, 2e circonscription de Corse-du-Sud
Camille de Rocca Serra (UMP)
Les sondages placent le député sortant en tête au premier tour. Mais tout devrait se jouer dans un mouchoir de poche à l’occasion du second tour. Dans son fief, où il a essuyé deux revers consécutifs en 2010 et 2011, Camille de Rocca Serra entend, sans crainte, remobiliser sa famille politique et brigue un nouveau mandat à l’assemblée nationale. Il nous livre son sentiment sur ce scrutin.
Vous êtes député sortant. Quel bilan dressez-vous, de votre précédente mandature ?
De l’ensemble des députés de l’île, je suis le plus actif dans l’action pour les Corses, le plus assidu à l’Assemblée Nationale. Ce n’est pas moi qui l’affirme : c’est une étude nationale qui tient le compte des interventions tant en commission qu’en séance, des parlementaires. J’ai activement soutenu, au sein de notre majorité, la politique de réformes indispensables dont le pays tout entier avait grand besoin et que le gouvernement, sous l’impulsion du Président Nicolas Sarkozy a courageusement menée. Je pense au sauvetage de notre système de retraites, à la mise en place de l’autonomie des universités -qui a pleinement profité à l’Université de Corté, à la responsabilisation des acteurs du service public à travers l’instauration du service minimum, au Grenelle de l’environnement, à la bataille pour l’instauration de la règle d’or budgétaire qui s’impose désormais quasiment partout en Europe mais que les socialistes ont naturellement refusé de voter, à la réforme constitutionnelle... J’ai surtout, comme élu de l’île, un bilan dont je suis fier au service des Corses et de la défense de leurs intérêts.
Quels y ont été les idées et thèmes défendus pour la Corse ?
S’agissant de l’économie et de la fiscalité, j’ai fait proroger l’Arrêté Miot jusqu’en 2012. J’ai permis le maintien et l’amélioration du crédit d’impôt pour les investissements en Corse. Pour nos agriculteurs, je me suis battu pour que soient accordés les AOC huile d’olive et charcuterie et pour que soit officiellement reconnue la race « Cheval Corse ». Pour la défense des territoires, j’ai travaillé au maintien d’un taux préférentiel de subventionnement pour les communes de Corse.
Jugez-vous cette élection cruciale, pour la nouvelle opposition, un mois après les présidentielles ?
Le jeu me semble, ainsi qu’à la plupart de mes collègues parlementaires de l’actuelle majorité, totalement ouvert. Et le sectarisme que le nouveau pouvoir affiche d’ores et déjà, à rebours de la politique d’ouverture que Nicolas Sarkozy avait menée, pourrait bien faire réfléchir nombre de nos compatriotes. Les résultats du premier tour des présidentielles ont bien montré qu’il n’y avait pas de désir de gauche, que la famille libérale, gaulliste et du centre avait bien résisté. Alors que les sortants ont tous été balayés dans les autres Etats européens, Nicolas Sarkozy a fait une très belle élection contrairement à ce qui était annoncé. Je pense, avec beaucoup d’observateurs d’ailleurs plutôt favorables à la gauche, qu’il n’y aura pas de vague rose et qu’une cohabitation est plus que jamais envisageable.
Quelles idées défendrez-vous pour la Corse en cas de réélection ?
Dans la continuité de l’action qui est la mienne depuis 2002, je défendrai les intérêts de la Corse. Je me battrai notamment pour instaurer un service minimum dans les transports maritimes, à l’exemple des réformes conduites en métropole par les gouvernements Fillon, pour en finir avec ces situations de blocage récurrentes. Il faut ensuite que nous obtenions pour l’île la concrétisation du CDI saisonnier pour offrir aux jeunes corses des emplois pérennes et qualifiés. Je proposerai enfin de proroger une fois de plus l’Arrêté Miot comme s’y était engagé Nicolas Sarkozy. Et comme Corse, soucieux du respect de notre identité, je travaillerai aux côtés de Marc Le Fur à doter les langues régionales d’un véritable statut.
Ce scrutin ne préfigure t-il pas, selon vous, les prochaines municipales à Porto-Vecchio et la perspective d’un nouveau face-à-face avec Jean-Christophe Angelini déjà vainqueur à deux reprises lors des territoriales 2010 et des cantonales 2011 ?
Les élections se suivent mais ne se ressemblent pas. Nous sommes là dans une élection nationale. Et je n’ai pas qu’un adversaire. Plusieurs candidatures à gauche défendent le programme de François Hollande que les électeurs de la circonscription ont pourtant rejeté à près de 60%. Il y a également deux candidats nationalistes. Celui en effet que vous avez cité, véritable maître –nageur, qui « balade » ses électeurs éventuels puisqu’il ne dit rien du camp qu’il choisirait si d’aventure il était élu ! À Propriano et à Sartène ce ne serait pas la Droite ! À Porto-Vecchio, ce ne serait pas la Gauche ! Et puis, il y a Paul Quastana pour Corsica Libera, lequel au moins est homme de convictions et de valeurs... Vous voyez bien qu’il ne s’agit pas là de l’élection municipale de Porto-Vecchio, mais bien d’une élection nationale où l’étiquette politique prend tout son sens. Les électeurs connaissent l’attachement qui est le mien au sein de la famille libérale et gaulliste. Ils savent l’engagement qui est le mien à l’Assemblée nationale pour défendre les intérêts de la Corse. Je ne doute pas qu’ils sauront reconnaître le travail accompli dès le 10 juin.
Appréhendez-vous, justement cette élection, après avoir été battu lors des territoriales 2010 et des cantonales 2011 ?
Pas du tout. Les territoriales et les cantonales étaient d’autres élections. Les élections intermédiaires sont toujours défavorables à la majorité en place, surtout quand celle-ci mène des réformes impopulaires à court terme mais courageuses à long terme et dont on lui donne généralement acte plus tard. En revanche mon bilan de député me permet aujourd’hui de rendre compte d’une action et d’un engagement de dix ans déjà au service de la Corse et des Corses.
Quel est votre sentiment sur la réunification de votre famille politique en Corse ?
J’ai toujours eu à cœur de rassembler ma famille politique. La liste unique aux territoriales, qui m’est si souvent reprochée du point de vue stratégique, témoigne de cette volonté de rassemblement. Aujourd’hui, nous sommes plus unis que nous ne l’avons jamais été. Aux côtés de l’UMP, il existe des mouvements et des personnalités qui se positionnent à nos côtés, mais pas en opposition. Je me réjouis que la droite insulaire ait pu se rassembler sur l’essentiel : ses valeurs. Il y a désormais un travail d’ouverture sur la société insulaire à opérer pour être pleinement représentatifs.
Pourrait-elle, à terme, briguer, de nouveau, l’assemblée de Corse ?
Evidemment. L’Assemblée de Corse est un enjeu essentiel pour la stabilité institutionnelle, le développement économique et celui des solidarités. Nous serons présents à toutes les échéances électorales à venir ! Lorsque la gauche et les nationalistes ont perdu les élections pendant un quart de siècle, on ne leur demandait pas s’ils comptaient se représenter la fois d’après ! Malgré l’échec de 2010, la famille libérale et gaulliste reste la première force politique de l’île. Les résultats des présidentielles ici en témoignent.
Redoutez-vous un candidat en particulier ? Ne craignez-vous pas, dans l’éventualité d’un second tour, une alliance entre Corsica Libera et Femu A Corsica, voire un report de voix vers les nationalistes ?
Non, je ne redoute pas de candidat en particulier. Et je n’ai pas à préjuger des alliances éventuelles du second tour. Je propose aux électeurs de la deuxième circonscription se désintéresser de ces calculs politiciens et de se rassembler- je n’exclus personne- afin de continuer ensemble pour défendre nos valeurs et faire gagner la Corse. Avec ma suppléante, Nathalie Ruggeri, nous leur offrons le seul choix politique viable, celui de la cohérence et de la clarté qui place résolument « la Corse au Cœur. » C’est plus qu’un slogan, c’est pour moi un choix exigeant auquel je suis fier d’être fidèle.
Interview réalisée par Joseph Albertini